Les changements de configuration du travail
MALGRE LES AFFIRMATIONS des nouveaux chantres de la liberté du travail qui imaginent que le lien avec l’employeur pourrait ne plus être le lien de subordination qu’il est aujourd’hui, le salariat n’est pas mort ni proche de l’être. Il s’étend au contraire mais selon des formes atypiques : CDD, temps partiels, intérim, stages, mini-jobs en Allemagne sans protection sociale ou contrats zéro heure en Grande-Bretagne, travailleurs détachés, etc. L’ubérisation, l’auto-entreprise et autres échanges marchands, de service, de logement, de transport viennent souvent en complément de ces statuts émiettés de travailleurs bel et bien salariés. C’est dire si, dans les marges de l’emploi autrefois classique, à plein-temps, en CDI, la débouille fait souvent loi pour ne pas sombrer dans le dénuement et l’exclusion. Le dossier de ce numéro de RfSe, choisissant d’aborder l’emploi par ses marges, explore les recompositions qui s’opèrent dans le cadre d’un travail qui déborde aujourd’hui largement sur la sphère privée. L’activité, y compris souvent des sans-emploi, est foisonnante. Par contre, la sécurité et l’équité sociale régressent partout même en plein centre des emplois sous statut plus traditionnels, soumis à la concurrence des formes d’emplois marginales. Les premières victimes de ces recompositions du travail sont, comme souvent, les plus précaires : femmes, jeunes, non-qualifiés.