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Formation : Accompagner un collaborateur dans une démarche de VAE

Les clés | publié le : 13.12.2016 | Rozenn Le Saint

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Formation : Accompagner un collaborateur dans une démarche de VAE

Crédit photo Rozenn Le Saint

L’encadrant de proximité ne peut pas réaliser le dossier de VAE à la place de son collaborateur. En revanche, il est là pour l’aiguiller vers les RH et organismes de conseil, l’aider à prendre conscience de ses compétences lors de la constitution du dossier et surtout, l’encourager.

Besoin de reconnaissance sociale, de nouveaux défis, volonté de monter en interne… Sabine Grégoire, psychologue du travail et coach professionnelle, reçoit des candidats à la Validation des acquis de l’expérience (VAE), aux motivations variées. Ce qu’elle leur martèle le plus ? La démarche est longue et avant tout personnelle. D’où l’importance du rôle de soutien des managers. Leurs encouragements, leurs conseils d’orientation et leur écoute sont primordiaux pour que leur collaborateur aille au bout de la démarche. Car près d’un tiers des candidats à la VAE ne se présente pas devant le jury pour l’examen final. Et seuls 41 % des candidats ont validé en totalité leur VAE en 2014, selon la Dares.

« Un manager peut amener un collaborateur qu’il sent démotivé à s’interroger sur le bienfait éventuel d’une VAE », estime Sabine Grégoire. D’autant plus quand l’écart entre le niveau de responsabilité du collaborateur et le diplôme est flagrant. En revanche, « il ne faut pas se montrer insistant mais se contenter de suggérer la démarche. Quand le candidat n’en est pas à l’initiative, il va rarement au bout. Si le projet n’est pas encore mûr dans sa tête, il faut le laisser décanter », prévient David Rivoire, dirigeant du cabinet VAE Les deux rives.

Dans une entreprise où l’incitation à la VAE fait partie intégrante de la politique RH, le manager peut l’orienter vers le responsable de la formation, comme Corinne Maillot, qui occupe ce poste chez Ludendo (La grande récré). 44 dossiers VAE ont été déposés depuis 2010, dont environ les deux tiers ont été totalement validés. « Seuls deux collaborateurs ont quitté Ludendo après avoir validée une VAE ; les managers doivent être conscients qu’une personne qui obtient sa VAE sera davantage volontaire pour l’entreprise, assure-t-elle. Il est important de l’aider dans ses démarches, de la valoriser en expliquant à l’équipe qu’elle pourra être amenée à poser des questions, notamment »

Encourager

Quand il était directeur régional Paris de Ludendo, entre 2006 et 2015, Olivier Morvan a suivi une dizaine de collaborateurs, directeurs ou adjoints de magasins La grande récré visant un BTS ou une licence en VAE. Il leur soumettait l’idée « quand cela faisait trois ans qu’ils étaient sur le même poste et qu’il n’y avait plus de possibilité d’évolution en interne sur un magasin avec un plus gros périmètre, par exemple. La VAE représente une source de motivation et permet de prendre confiance en soi », affirme-t-il. Ludendo finance un cabinet qui aiguille les candidats alors « le manager ne doit pas entrer dans la méthodologie, sinon ils se retrouvent avec deux discours et se perdent. Son rôle consiste essentiellement à les encourager », assure le directeur commerce. Par ailleurs, même si l’entreprise est moteur dans la démarche VAE, « le mauvais discours du manager serait de conditionner une augmentation de salaire à la réussite en VAE, met en garde David Rivoire. La VAE est une démarche personnelle, l’augmentation de salaire est une reconnaissance professionnell.. »

Relever les compétences

Pendant l’étape de la constitution du dossier, le manager a essentiellement un rôle d’accompagnateur, en lui donnant accès à des informations nécessaires pour étayer son argumentation, comme les chiffres du service, par exemple. Si le collaborateur n’est pas accompagné par un coach, la première chose à faire pour l’encadrant est de l’inciter à se renseigner sur le référentiel du diplôme qu’il vise, c’est-à-dire la grille de lecture des évaluateurs des dossiers VAE, accessible sur www.rncp.cncp.gouv.fr ou auprès de l’organisme certificateur (université ou école). Il peut aussi l’aider à interpréter le jargon codifié, de manière à le traduire en langage compréhensible de terrain.

« Le manager peut l’épauler en relevant toutes les compétences et sous-tâches que le collaborateur n’a même plus conscience de maîtriser », assure Christophe Robin, coach et directeur d’Ascovae. Son cabinet dispense des formations de deux jours à destination des managers pour leur enseigner ces rudiments, afin de soutenir au mieux leur équipe dans cette démarche. Décomposer toutes les missions accomplies prend un temps considérable, « entre cinq à dix heures par semaine sur cinq mois environ », selon David Rivoire. « Pour soutenir son collaborateur, le manager peut lui proposer d’être plus souple sur l’aménagement du temps de travail pendant cette période », estime le coach. Enfin, tous les spécialistes s’accordent à dire que la relecture du dossier par l’encadrant est la meilleure aide qu’il puisse lui apporter.

Les conseils du coach

Sabine Gregoire

Psychologue du travail et coach chez Sirius RH

–1– Orienter pour bien construire le projet

Le manager doit tout d’abord diriger son collaborateur vers les “Antennes VAE”, organes publics qui reçoivent individuellement les candidats à la VAE, valident leurs démarches, les orientent vers le diplôme à viser et les informent sur les coûts. Il y en a une par département.

–2– Faire prendre conscience des compétences

La VAE reste une démarche individuelle, mais le manager peut aider son collaborateur à prendre conscience de toutes les compétences qu’il mobilise dans son métier, l’aider à décliner ces savoir-faire et savoir-être.

–3– Se montrer disponible

La démarche est longue. Le manager peut l’encourager régulièrement, se montrer disponible et lui proposer de relire son dossier à la fin. Il a davantage de recul et peut l’aider à mieux parler de lui, ce qui n’est pas évident.

Auteur

  • Rozenn Le Saint