Pierre X est titulaire d’un DEA de mathématiques appliquées. Mais il n’avait jamais travaillé à cause de ses difficultés à gérer le stress et le relationnel. Jusqu’à son embauche, il y a un an, en CUI (contrat aidé), par la maire de Longueil-Sainte-Marie, près de Compiègne (Oise). A la mairie, il assure une mission de numérisation et de saisie de factures pour le service comptabilité et le service périscolaire. Et ce grâce à la mise en place d’une formule d’“emploi accompagné”.

La mairie de Longueil-Sainte-Marie a utilisé ce nouveau dispositif car elle recherchait une personne sur un poste requérant des compétences administratives et informatiques. « J’avais identifié des besoins pour décharger les services comptabilité et périscolaire », explique le maire Stanislas Barthélemy. Parallèlement, il contacte le Centre d’accompagnement et de formation à l’activité utile, le Cafau, qui est un service médico-social qui accompagne vers l’emploi des travailleurs handicapés – déficience intellectuelle, cognitive, et troubles psychiques – mais encore proches du milieu ordinaire de travail. « Le Cafau m’a aidé à créer le profil de poste, précise le maire. J’avais, face à la maladie mentale, un regard positif, et aussi le souhait de ne plus verser de pénalités au Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique ».

Jean-Christophe Dahouindji, ergonome et conseiller en emploi accompagné du Cafau, sert de lien et de facilitateur avec l’équipe qui accueille le candidat handicapé. Il confirme que le rôle du centre est de « prospecter les entreprises et, en fonction de besoins identifiés, de créer des postes sur-mesure correspondant à des tâches simples, répétitives et chronophages ».

Pierre X a donc d’abord réalisé un stage dans deux services, avant d’être embauché en CUI. « Le stage permet de sécuriser les deux parties – le salarié et l’employeur – en amont du recrutement », justifie Jean-Christophe Dahouindji. Puis, à la prise de poste, le conseiller a présenté Pierre à tout le monde, et expliqué ses besoins spécifiques et le mode de communication à adopter : « Il faudra être attentif, car il n’osera pas vous interpeller directement. Il faudra toujours lui parler de face, car il a une déficience auditive. Et, enfin, il faut bien lui expliquer les objectifs et les procédures de travail », leur a-t-il précisé.

En termes de suivi, le conseiller rencontre Pierre X. Une fois par semaine, hors temps de travail, pour faire le point. « Par exemple, quand je sais que son binôme de travail va s’absenter pendant deux semaines, j’anticipe sur l’organisation pour ne pas mettre Pierre en difficulté, je demande à l’équipe de prévoir un autre interlocuteur ou des missions préparées à l’avance », explique Jean-Christophe Dahouindji.

Le conseiller rencontre également l’équipe de travail une fois par trimestre. « Cet accompagnement est une garantie pour l’employeur », souligne le maire, qui reconnaît que, sans cela, il n’aurait peut-être pas pris le risque d’un tel recrutement. Le conseiller confirme qu’« externaliser ce suivi permet de décharger l’entreprise et garantit une continuité en cas de remaniement des équipes qui accueillent le salarié. Et si la situation devient trop compliquée, l’entreprise peut rompre le contrat sans avoir le sentiment d’abandonner la personne, qui sera toujours suivie par notre service ».

Cet accompagnement est facturé 100 euros par mois par le Cafau, mais le dispositif étant désormais reconnu par la loi, les employeurs qui l’utilisent devraient bientôt bénéficier d’une aide de l’Agefiph ou du FIPHFP pour couvrir ces frais.

Activité

Collectivité territoriale.

Effectif

20 salariés.