Amoeba, entreprise spécialisée dans le traitement écologique de l’eau (au moyen d’une amibe), emploie 46 salariés pour un chiffre d’affaires de 300 000 euros et un très gros budget R&D, ce qui a pour effet de mettre une forte pression sur son équipe dirigeante. « On double nos effectifs chaque année, on est coté en bourse depuis 2015, et on évolue dans un environnement très concurrentiel », explique Fabrice Plasson, directeur et fondateur de l’entreprise. Pour renforcer la cohésion du directoire, il a choisi la méthode originale de l’équicoaching. « L’objectif était d’apprendre à mieux connaître et gérer ses propres émotions et celles des autres – savoir interpréter une frustration, une réaction négative de défense – pour fluidifier la relation d’équipe », justifie-t-il.

La pratique de l’équicoaching, qui existe depuis une dizaine d’années en France, consiste à interagir avec le cheval, sans monter dessus, et à le faire avancer dans le manège en suivant les consignes du coach : « La réaction du cheval est toujours un miroir des émotions renvoyées par la personne, s’il refuse de collaborer, c’est que la personne n’a pas été cohérente dans son message, explique Corinne Chaussemy, équicoach, éleveuse de chevaux formée au coaching et à l’éthologie, la capacité sensorielle très fine du cheval en fait un médiateur formidable pour travailler avec des managers sur la communication et la relation à l’autre. » Corinne Chaussemy accompagne des entreprises sur des problématiques de gestion des conflits, de leadership, de cohésion.

Elle a coaché les cinq membres du directoire d’Amoeba pendant deux jours en leur proposant plusieurs exercices. D’abord, dire bonjour au cheval et le tirer par une longe. « Si la personne est stressée et centrée sur ses propres émotions, le cheval le sent et la relation ne s’établit pas : il tourne la tête, part à l’opposé, refuse d’avancer, explique la coach. Je conseille à la personne de se dégager de ses propres émotions pour s’intéresser vraiment au cheval ».

Autre exercice, faire changer la vitesse et la trajectoire du cheval, seulement en le regardant : « Pour que ça marche, l’intention et le positionnement du corps doivent être clairs. »

Plus difficile encore, deux personnes autour du cheval le guident chacune sur un quart de cercle : « Si les deux ne sont pas alignées émotionnellement, le cheval ne tourne pas rond. » Après chaque exercice, un débriefing individuel aide la personne à analyser son comportement et à le modifier. « Les résistances tombent très vite, les gens admettent qu’ils sont l’élément bloquant de la relation et sont obligés de se remettre en question », rapporte le directeur d’Amoeba.

Même si ce qu’ils apprennent n’est pas nouveau pour un manager – se mettre dans une posture d’accueil et d’ouverture, être sur un mode collaboratif et non pas dominant, savoir être à la fois doux et ferme –, « le fait de le vivre, d’en faire l’expérience face à un cheval est beaucoup plus marquant, et donc plus efficace », souligne Corinne Chaussemy.

Pour Fabrice Plasson, ces deux jours ont été une véritable révélation : « Des gens qui travaillent ensemble depuis des années se sont découverts, je les ai vus se transformer face au cheval, c’est une mise à plat émotionnelle très forte. » Et, selon lui, de réels changements ont suivi : « L’équipe y a gagné en rapidité décisionnelle, car les gens se comprennent mieux, dans un environnement émotionnel bienveillant et stable. » Le PDG souhaite désormais réitérer l’expérience avec les cadres dirigeants et le management intermédiaire. Le coût d’une journée collective d’équicoaching est d’environ 1 500 euros, des séances individuelles de deux heures sont également possibles.