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Grande-Bretagne : Londres s’attaque aux pratiques de L’économie collaborative

Sur le terrain | International | publié le : 29.11.2016 | Stéphanie Salti

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Grande-Bretagne : Londres s’attaque aux pratiques de L’économie collaborative

Crédit photo Stéphanie Salti

Sur fond de batailles juridiques contre Uber et Deliveroo, le gouvernement de Theresa May a entamé une réflexion globale sur le statut des travailleurs de ces plates-formes.

Outre-Manche, la révolution numérique ne fait pas que des travailleurs heureux. Cet automne, les salariés d’Uber et de la start-up de livraison de repas à domicile en provenance de restaurants Deliveroo se sont élevés contre les pratiques de travail de leurs entreprises respectives. À l’occasion d’un jugement très attendu fin octobre, deux chauffeurs d’Uber, représentés par le syndicat GMB, ont obtenu gain de cause : un tribunal du travail londonien leur a reconnu le droit à l’obtention du salaire minimum britannique (National Living Wage), aux congés payés et à des pauses régulières. Uber, qui emploie 30 000 chauffeurs à Londres, a fait appel de cette décision de justice en insistant sur le fait que ses employés tombaient sous la classification de travailleurs indépendants. En cas de confirmation, le jugement risque aussi de concerner la toute nouvelle activité d’Uber, UberEats, des opérations de livraisons de repas à domicile.

« Cette décision affecte tous les travailleurs de l’économie collaborative que les employeurs placent à tort dans la catégorie des travailleurs indépendants en leur refusant les droits dont ils peuvent bénéficier », insiste Nigel Mackay, l’un des avocats spécialisés dans le droit du travail au sein du cabinet Leigh Day, représentant les salariés d’Uber. Début novembre, le syndicat Independent Workers Union of Great Britain (IWUGB) a également réclamé à la direction de Deliveroo le droit de représenter certains coursiers de la start-up de façon à pouvoir négocier les conditions de travail de l’ensemble de ces travailleurs : « Si nous gagnons, tous les coursiers de Deliveroo seront considérés comme des salariés et il s’agira du premier accord de négociation collective dans l’économie de partage », a expliqué Jason Moyer-Lee, secrétaire général du syndicat IWUGB. Après une série de manifestations en août, les coursiers de Deliveroo, qui est valorisée plus d’1 milliard de dollars, avaient obtenu une première victoire en contraignant la direction de la start-up à revoir partiellement un projet de nouveau contrat, en test jusqu’en novembre, et établissant une rémunération de 3,75 livres par livraison. Devant la multiplication des critiques, la direction s’était finalement excusée en permettant à ses coursiers de ne pas participer à ce nouveau système s’il ne leur convenait pas et de continuer à être rémunérés 7 livres par heure et 1 livre par livraison.

Face à la multiplication des acteurs de l’économie collaborative, la Première ministre conservatrice Theresa May a engagé une réflexion de fond sur les droits du travail pour ces salariés en chargeant Matthew Taylor, un ancien conseiller sous Tony Blair, de mener une étude approfondie. Theresa May veut en effet s’assurer que « la réglementation et les pratiques dans le monde du travail continuent à être adaptées à l’évolution du monde professionnel », selon ses propos. Parallèlement à cette étude, l’autorité fiscale britannique (HM Treasury) a créé une nouvelle unité destinée à se concentrer sur le statut de ces nouveaux salariés. Le bureau des impôts craint en effet que certains employeurs utilisent le statut de travailleurs indépendants pour éviter de s’acquitter d’impôts, du versement du salaire minimum et d’autres prestations. Dernier volet : le droit aux retraites. Le gouvernement examine aussi actuellement la possibilité d’ouvrir aux travailleurs indépendants le dispositif d’auto-enrollment, l’adhésion automatique aux fonds de pensions d’entreprise, dont la mise en œuvre doit s’achever outre-Manche en 2018. Depuis 2001, le nombre de travailleurs indépendants a augmenté d’un tiers pour atteindre 4,8 millions de personnes outre-Manche mais le nombre de ces travailleurs cotisant à un plan de retraites a plus que diminué de moitié en passant de 1,1 million en 2001-2002 à seulement 450 000 en 2013-2014, selon Citizens Advice.

Dans les médias

PEOPLE MANAGEMENT. Chères interruptions de carrière

Les pauses de carrière coûteraient quelque 1,1 milliard de livres tous les ans aux femmes, soit l’équivalent de 4 000 livres chacune, selon une étude publiée par PwC, le 30 % Club et Women Returners. Leur retour dans le monde du travail s’accompagnerait d’une baisse de niveau professionnel pour deux tiers d’entre elles. Au total, quelques 427 000 femmes sont actuellement en congé sabbatique. 21 novembre 2016, People Management, presse professionnelle.

THE GUARDIAN. Londres attire les jeunes diplômés Selon un rapport publié par le cercle de réflexion Centre for Cities, la capitale britannique a attiré un étudiant fraîchement diplômé de l’université sur quatre en 2014 et 2015. Cette proportion est encore plus importante parmi les diplômés d’Oxford et de Cambridge, avec un total de 52 % des jeunes diplômés optant pour Londres. 21 novembre 2016, The Guardian, quotidien national.

Auteur

  • Stéphanie Salti