Pas plus que le marché des biens ne suit une logique strictement rationnelle (il n’y aurait ni effet de mode ni marketing si c’était le cas), le marché du travail n’est réductible à une pure logique de l’offre et de la demande. De nombreux biais psychologiques l’affectent, ressortissant aussi bien de la psyché individuelle que collective.

Les approches traditionnelles peinent à expliquer un certain nombre de comportements peu rationnels des acteurs en raison de leurs hypothèses restrictives sur la motivation. En pure logique économique classique, l’individu au travail se réduirait à une somme d’intérêts monétaires. Pour Marie-Claire Villelal, directrice de recherches au CNRS, que l’on soit employeur ou salarié, une multitude d’autres déterminants expliquent notre abord du travail et notamment de l’offre et de la demande d’emploi. Nos préférences, instables dans la durée, ne se réduisent pas à un objectif de consommation personnelle. Nous avons aussi des préférences sociales, des objectifs en ce domaine et nous sommes tous sensibles au regard d’autrui. Par ailleurs, nos décisions sont susceptibles de pâtir de nombreux biais cognitifs et psychologiques surtout lorsque les situations s’avèrent complexes. Enfin, l’aversion pour le changement semble largement répandue selon la bonne vieille maxime de prudence : on sait ce que l’on a mais pas grand-chose de ce qui nous attend. L’auteur nous explique comment on pourrait tirer partie de la psychologie comportementale et de l’expérimentation en ce domaine pour optimiser le fonctionnement du marché du travail et de l’emploi.