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Vive la chaleur ajoutée(c) !

La chronique | publié le : 22.11.2016 |

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Vive la chaleur ajoutée(c) !

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Philippe Détrie a créé en 2014 La Maison du Management, dont la raison sociale est de développefr un management responsable et entraînant pour l’ensemble des acteurs de la vie économique.

Combien de suicides professionnels

devrons-nous accepter pour modifier nos relations de travail ? Les médias ont raison de dénoncer cette issue inadmissible en nos temps de paix et de relative prospérité. Chacun bêle qu’on doit réhumaniser le travail, mais peu est fait. Patrons aux ordres des fonds de pension, financiers ignorant que des personnes se trouvent au bout de leurs comptes, cadres enrégimentés pour faire avaler la pilule du toujours plus avec toujours moins… Le monde du travail est cruel. C’est le « marge ou crève », « la gagne ou le bagne ». La loi de l’efficience commande, même pour les administrations qui sont dorénavant sommées de s’aligner sur les performances de celles des autres pays. Mais vers quel monde voulons-nous aller ?

Pourquoi ajouter de la hargne à un monde déjà difficile ?

Personne ne remet en question l’exigence saine et nécessaire d’efficacité, mais pourquoi la dureté de l’économie entraînerait-elle nécessairement la dureté des relations au travail ? C’est bien au contraire parce que les temps sont rudes et l’avenir incertain qu’il faut investir dans le bien-vivre ensemble au travail. Personne ne souhaite affronter un autre STO : stress, tension, oppression. Chacun est convaincu que la convivialité en entreprise favorise l’efficacité collective et le mieux-être individuel. Pourquoi diable n’arrivons-nous pas à développer de bonnes relations au travail ?

Il ne s’agit pas de passer du management par le stress au management par la convivialité, de transformer l’entreprise en centre de vacances. Mais simplement supprimer tous les “tue-convivialité” et valoriser les comportements conviviaux.

Supprimons les “tue-convivialité”

À cette demande naturelle de meilleure vie ensemble, les organisations maladroites bégaient des réponses instrumentales et événementielles. Elles sont lourdes et sourdes à la relation et à l’émotion. Elles continuent à générer nombre de “tue-convivialité” :

– des procédures qui façonnent, enferment, asservissent… et qui véhiculent une conformité pesante ;

– des recrutements qui valorisent plus le diplôme que la sociabilité ;

– un reporting envahissant et qui croit mesurer la réalité ;

– un dialogue social qui n’est que de l’humain massifié et institutionnalisé, alors que les salariés attendent aujourd’hui un dialogue personnalisé et non du marketing social ;

– des pratiques managériales néfastes : objectifs inatteignables, injonctions paradoxales, réunions tardives ou interminables…

Hissons la convivialité comme une priorité

Supprimer les irritants, c’est bien. Créer des relations conviviales, c’est mieux. Pour nous qui avons déposé le concept de chaleur ajoutée, la convivialité au travail est autant un état d’esprit qu’une démarche. Bien sûr certains diront qu’une démarche volontaire n’est pas naturelle et donc artificielle et dénonceront les illusions d’une proximité fictive qui vendrait du bonheur en boîte… Ils ont raison, une directive imposant la bonne ambiance n’aurait aucune chance de survie. Les échecs viennent en fait de l’absence d’ancrage comportemental. C’est le risque strass et paillettes. Une démarche convivialité s’inscrit dans le management de proximité et promeut des relations positives, libres, directes et chaleureuses. C’est du savoir-vivre en entreprise, c’est une attitude qui prédispose à la relation interpersonnelle car elle reconnaît la personne plus que la fonction. C’est tout sauf un simple artifice événementiel.

Il est essentiel que la convivialité soit intégrée comme critère d’évaluation et que la communication informelle soit reconnue comme du travail réel. Respecter, écouter, dialoguer, reconnaître, créer des espaces et des moments de rencontre… tout ceci développe la confiance elle-même nécessaire à la coopération.

Et comme pourrait le chanter Johnny Hallyday : Ah que les convives !

Étude Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès publiée dans Les Échos du 12 septembre 2016 : « La France est champion d’Europe des suicides ».

La convivialité. Aller vers une entreprise où il fait bon travailler, Éditions d’Organisation, 2009.