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Sur le terrain

Retour sur… Dix ans d’actions de recrutement SNCF dans les quartiers prioritaires

Sur le terrain | publié le : 15.11.2016 | Mariette Kammerer

CETTE ANNÉE, la SNCF a fêté les dix ans de ses “Rendez-vous égalité et compétences”, qui ont contribué à recruter 7 000 salariés issus de quartiers défavorisés.

La SNCF fête cette année les dix ans de ses “Rendez-vous égalité et compétences”, des sessions de recrutement organisées deux ou trois fois par an dans des quartiers prioritaires ou défavorisés, en lien avec des acteurs locaux. En 2014, le groupe a réalisé 17 % de ses recrutements dans ces quartiers, et sur dix ans il y a embauché plus de 7 000 salariés en CDI.

L’origine de cette démarche remonte à 2004. L’entreprise publique est alors l’une des premières à signer la charte de la diversité. L’objectif de 15 % de recrutements dans les quartiers est fixé en 2005, puis réévalué à 20 % en 2013.

« Louis Gallois, directeur général à l’époque, a lancé les rendez-vous égalité et compétences en 2006, après les émeutes des banlieues parties de Clichy-sous-Bois, pour donner leur chance aux jeunes de ces quartiers, en allant les rencontrer sur place », rappelle Catherine Woronoff-Argaud, responsable des politiques diversité et mixité.

Pour chaque Rendez-vous, l’entreprise choisit un bassin d’emploi correspondant à ses besoins (75 % ont lieu en Île-de-France) et contacte les acteurs politiques et d’insertion de la localité. D’abord lancé sous forme de speed dating de grande ampleur, le format a évolué vers des opérations plus petites, réunissant entre 100 et 150 candidats présélectionnés par des partenaires locaux – associations d’insertion, missions locales, antennes Pôle emploi. « Nous présentons à ces partenaires les métiers, les prérequis, les étapes du recrutement, et le type de tests qui seront utilisés, afin qu’ils puissent sourcer et préparer leurs candidats en amont », explique la responsable diversité.

Les candidats assistent ensuite à une information collective puis ils sont conviés au recrutement. « Les tests sont les mêmes que pour tous les candidats, en revanche nos consultants font preuve d’une plus grande bienveillance pour leur donner une chance à l’entretien en cas de faibles résultats aux tests. »

Pour certains métiers, les candidats ayant réussi les tests bénéficient d’un coaching collectif par un prestataire de la SNCF pour se préparer à l’entretien : adopter la bonne posture, valoriser leur expérience, etc. Quand le recrutement est validé, ils suivent le même parcours d’intégration que n’importe quel salarié.

Métiers d’exécution et agents de maîtrise

« À chaque rendez-vous, nous retenons entre cinq et dix candidats sur cent. C’est relativement peu compte tenu de la mobilisation importante que cela nécessite, mais nous estimons que c’est positif, y compris pour ceux qui ne sont pas retenus, car ils ont pu participer à un entretien et découvrir notre entreprise », ajoute la responsable.

Les Rendez-vous égalité et compétences permettent de recruter sur des métiers d’exécution et d’agents de maîtrise : conducteur de train et de tramway, technicien de circulation, électricien et mécanicien de maintenance, agent d’escale, etc. « Depuis un an, nous avons élargi les recrutements à la filiale ICF, qui a une activité de bailleur social, et à Kéolis, qui recrute aussi sur ces niveaux de qualification. »

Pour les profils de cadres, le processus est différent et la SNCF travaille avec le cabinet Mozaïk RH, spécialisé dans le recrutement de jeunes diplômés issus des quartiers. Une fois les personnes recrutées, la SNCF ne fait pas de statistiques sur le pourcentage d’échec, par exemple sur celles qui ne valident pas la formation au métier dispensée en interne. « Nous estimons qu’il n’y a pas d’écart significatif avec d’autres voies de recrutement, ajoute Catherine Woronoff, l’important est de donner leur chance à des jeunes motivés, dont le profil est intéressant de par leur volonté de s’en sortir ».

Les syndicats regrettent de ne pas être associés à cette démarche. « Nous avons du mal à obtenir des chiffres clairs au niveau du groupe, indique Roland Fourneray, élu fédéral CGT cheminots chargé des questions d’emploi. Nous ne connaissons pas les critères ni le niveau de ces recrutements dans les quartiers et nous regrettons le manque de transparence de la direction sur ce sujet. Par ailleurs, nous savons que l’objectif de recrutement d’alternants n’a pas été atteint en 2015, et nous n’avons pas obtenu d’engagement que les emplois d’avenir soient recrutés au statut cheminot. »

En parallèle de ces Rendez-vous, la SNCF recrute aussi des jeunes éloignés de l’emploi via le service militaire volontaire, mis en place après les attentats de janvier 2015. Cela consiste en un parcours d’insertion-formation de six à douze mois, rémunéré. « Nous leur proposons une formation théorique pré-qualifiante et un stage de terrain en observation, explique Catherine Woronoff-Argaud, puis, au bout de quatre mois, nous leur proposons de rentrer dans le processus de recrutement selon des modalités adaptées, ou nous les orientons vers l’alternance. » Sur les 39 jeunes de la première promotion, plus de la moitié sont en cours de recrutement ou de formation. Une nouvelle promotion démarrera en janvier 2017.

Enfin, depuis 2012, 750 jeunes sans qualification ont été accueillis en contrat d’avenir dans 130 établissements, sur la base d’un CDD de 18 mois renouvelable une fois. « Ce parcours incluait des formations pré-qualifiantes, de remise à niveau, et une découverte des métiers d’accueil et de maintenance, par exemple. Il nous permet d’identifier des jeunes éligibles au recrutement et motivés ». 150 ont été embauchés et 360 sont encore en contrat jusqu’à mi-2017, mais la SNCF a fermé cette voie de recrutement pour l’instant.

Auteur

  • Mariette Kammerer