LA SNCF EST CONSTITUÉE de trois établissements publics à caractère industriel et commercial chargés du pilotage stratégique du groupe, de la gestion du réseau ferré national et de l’exploitation des trains. Mais le groupe SNCF détient aussi des participations majoritaires ou totales dans des sociétés de droit privé et le transport ferroviaire est théoriquement ouvert à la concurrence depuis le début des années 2000. À cheval sur une logique publique et sur une logique privée, dans un contexte concurrentiel, la SNCF jongle aujourd’hui entre deux notions peu compatibles : le service public et la rentabilité. À ce dilemme qui coûte cher à l’État et attire les foudres de Bruxelles, car la politique tarifaire n’est pas raccord avec les règles du juste prix qui permettent une concurrence loyale, s’ajoutent des problématiques sociales. Celles-ci sont liées à l’emploi, aux carrières et à la tradition culturelle des cheminots ou aux usagers mécontents des grèves (moins fréquentes que par le passé), des retards, des coûts, de l’effritement de la logique de service public qui conduit à fermer des gares… Pierre Messulam, directeur général adjoint de SNCF, et François Regniault qui fut journaliste et directeur de la communication de crise de la SNCF, rappellent les enjeux auxquels doit satisfaire l’entreprise la plus médiatisée de France. À partir de cet état des lieux, ils envisagent l’avenir de la mobilité et de l’emploi dans ce secteur plutôt que celui du train pris isolément. Après tout, Blablacar et les bus, c’est aussi du transport. À défendre sa logique monopolistique, si ce n’est en droit, au moins dans l’esprit, la SNCF ne risque rien moins que sa survie.