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Orange : Savoir se déconnecter, y compris pendant la journée

L’enquête | publié le : 08.11.2016 | V. L.

L’opérateur de télécommunications a conclu récemment un accord sur la transformation numérique avec trois syndicats. L’entreprise prévoit d’analyser les usages internes des outils numériques et de mieux prévenir les risques d’excès.

Un premier accord sur l’accompagnement de la transformation numérique a été signé le 27 septembre dernier par Orange et la CFDT-F3C, la CGT-FAPT et FO-Com. Il comporte plusieurs dispositions relatives au droit à la déconnexion.

L’accord indique que l’enjeu pour Orange est de « garantir la bonne utilisation des outils numériques, tout en préservant la santé au travail ». L’entreprise y rappelle son attachement au respect de la vie privée et à la protection des salariés des pratiques intrusives potentielles provenant des managers et des autres salariés. Estimant que le droit à la déconnexion est légitime et nécessaire, les parties considèrent qu’il n’est pas suffisant si on ne s’attaque pas aux causes. C’est pourquoi l’entreprise lancera une réflexion sur les origines mêmes des usages excessifs des outils numériques : comportement individuel, organisation du travail, absence de formation ou d’évaluation des usages. Les salariés ou les équipes pourront demander un bilan quantitatif de leurs usages, l’objectif étant d’aboutir ensuite à des actions de prévention adaptées.

Avant cela, Orange rappelle les principes du droit à la déconnexion hors temps de travail : pas d’obligation de réponse et recommandation d’envoi en différé. « Jusqu’ici, nous recommandions au récepteur de ne pas répondre aux messages envoyés hors temps de travail ou pendant les congés, indique Ludovic Guilcher, directeur adjoint des ressources humaines du groupe Orange. Aujourd’hui, nous insistons sur la non-utilisation des outils par l’émetteur. Et nous avons également introduit un droit à la déconnexion pendant le temps de travail : lors des réunions physiques, nous recommandons aux salariés de s’abstenir d’utiliser leurs outils mobiles. Nous préconisons aussi de prévoir des temps de déconnexion pour faciliter la concentration. »

Orange s’engage à diffuser régulièrement la charte de bon usage de la messagerie électronique et étudiera la mise en place d’un pop-up rappelant les messages clés d’une bonne utilisation des outils numériques.

Une étude prospective sera également réalisée par Orange Labs Recherche afin de comprendre et d’évaluer « les besoins individuels et collectifs pour gérer de manière adaptée les flux d’information ».

Mooc interne

« Le blocage des serveurs aurait été inapplicable dans une entreprise internationale comme la nôtre et cela laisse imaginer une stricte séparation entre vie privée et vie professionnelle, ce qui n’est pas nécessairement le cas, observe Ludovic Guilcher. Le sujet posé est celui de bien affecter un usage prioritaire à un canal de communication et d’en finir avec les usages non-appropriés. Pour une urgence, on téléphone ou on envoie un SMS. D’ailleurs, dans notre vie privée, on ne fait pas d’erreur de choix. C’est l’objet de notre Mooc interne : apprendre à utiliser le bon canal à bon escient. Des formations managériales spécifiques viendront le compléter. »

Par ailleurs, l’opérateur s’engage à former 100 % des personnels des services de santé au travail et d’environnement du travail à la détection des risques liés au numérique.

Sensibilisation privilégiée

« Il est intéressant d’avoir intégré un temps de déconnexion pendant le temps de travail face au risque d’infobésité et à la fragmentation des tâches, souligne Laurent Riche, délégué syndical central CFDT. Par ailleurs, le Conseil national de la transformation numérique, dans lequel vont se retrouver toutes les organisations syndicales, y compris les non-signataires, évaluera le fonctionnement des dispositifs mis en place. »

Cédric Carvalho, délégué syndical central CGT d’Orange, est lui aussi satisfait des dispositions adoptées : « On se dote d’outils et de moyens de prévention pour lutter contre les sur-sollicitations liées à l’usage des outils numériques. Les médecins du travail, les CHSCT et la direction sont impliqués. On privilégie la sensibilisation et, en cas de non-respect des recommandations et de dialogue infructueux, un recours au n + 2, et/ou aux RRH, aux acteurs de prévention et représentants du personnel, est prévu. »

La CFE-CGC, elle, a dénoncé un accord « indigne de la première entreprise “digitale” de France ». Elle estime que le droit à la déconnexion n’est assorti d’aucune disposition contraignante et que l’accord renvoie finalement la responsabilité de leur mise en œuvre aux managers et aux équipes. « Toutes les dérives seront donc possibles », selon le syndicat, « particulièrement sur les périmètres où la pression est forte et les effectifs insuffisants ».

Auteur

  • V. L.