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Sur le terrain

Canada : Le Québec débat du salaire horaire minimum

Sur le terrain | International | publié le : 18.10.2016 | Ludovic Hirtzmann

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Canada : Le Québec débat du salaire horaire minimum

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

Le monde des affaires québécois s’échauffe autour de la hausse du salaire minimum de 10,75 à 15 dollars. Quelques entreprises ont déjà fait ce choix; beaucoup refusent que ce plancher devienne obligatoire.

Un salaire minimum à 15 dollars ? C’est le débat qui enflamme le monde des entrepreneurs et les salons ministériels de la Belle Province. Actuellement, le salaire minimum est de 10,75 dollars canadiens (7,30 euros) de l’heure, bien en deçà du seuil de pauvreté fixé à 23 000 dollars par an. Un salaire de 15 dollars de l’heure pour 40 heures par semaine permettrait aux 6 % de salariés payés au minimum de recevoir 22 600 dollars par an, soit presque le seuil de pauvreté !

Plusieurs partis politiques dont le Parti québécois, la principale formation d’opposition, ont voté récemment une motion à l’Assemblée nationale du Québec, demandant un salaire à 15 dollars de l’heure et s’engageant à l’appliquer dès leur retour au pouvoir en 2018. Les syndicats y sont très favorables car, outre des raisons sociales, les cotisations syndicales sont prélevées à la source sur les salaires. La porte-parole de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Isabelle Gareau, confie que « le salaire viable au Québec en 2016 devrait être de 15,10 dollars », avant d’ajouter que la mise en place d’une telle rémunération doit être progressive. « Nous sommes conscients qu’une hausse immédiate de 40 % du salaire minimum ne serait pas idéale du point de vue économique. C’est pourquoi nous proposons un plan de hausse sur un horizon maximal de six ans, précise-t-elle. La FTQ mène la lutte au niveau local depuis quelques mois et le président de la centrale syndicale multiplie les interventions publiques. »

Parmi les soutiens de la centrale, un entrepreneur québécois médiatique, Alexandre Taillefer, a pris position en faveur du salaire minimum à 15 dollars. Propriétaire d’une des plus grandes flottes de taxis de Montréal, ce Pdg se dit fier de l’appliquer pour les chauffeurs de ses taxis Téo (Taxelco). Mais il ne s’étend pas sur la composition des revenus qu’il verse : les 15 dollars de ses chauffeurs se décomposent en 11 dollars de salaire minimum auxquels s’ajoutent 4 dollars de pourboire garantis !

Un faux problème

Selon le directeur d’un centre d’aide aux entreprises, qui préfère rester anonyme : « Le salaire minimum à 15 dollars est un faux problème, puisque bien des entreprises paient leurs salariés plus de 10,75 dollars, mais refusent qu’une loi entérine un salaire à 15 dollars. » Costco, le géant des hypermarchés nord-américains, applique ainsi un salaire minimum horaire de 13,50 dollars. À l’autre bout du pays, la Colombie-Britannique a haussé en 2010 son minimum de 28 % à 10,25 dollars. À l’époque, cela a été positif pour la consommation et créateur d’emplois à moyen terme.

Mais le thème du salaire à 15 dollars est clivant. Selon Bruce Shearer, professeur d’économie à l’université Laval de Québec : « La main-d’œuvre serait plus chère pour les entreprises et, dans ces conditions, elles auraient tendance à réduire les heures de travail. Cette augmentation risque d’abord d’avoir un effet sur l’emploi des jeunes. Et même, dès que ce serait possible, les entreprises pourraient privilégier d’autres formes de production de services, automatisées, ou décider de fermer leurs portes. »

La plus forte opposition vient de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, dont la vice-présidente, Martine Hébert, a multiplié les sorties dans les médias pour dire que les sociétés de la Belle Province ne supporteraient pas un salaire horaire de 15 dollars. Le ministre des Finances, Carlos Leito, juge que le salaire minimum actuel est « suffisant ». Ses adversaires ont relevé qu’il est payé 157 000 dollars par an par les contribuables, dispose d’une limousine avec chauffeur et d’une importante note de frais. Le Premier ministre Philippe Couillard, lui, se dit ouvert à un débat sur la question. Un vrai espoir pour les salariés dans la misère obligés de cumuler deux emplois.

Dans les médias

LE JOURNAL DE MONTREAL. Les chômeurs québécois majoritairement analphabètes

Une étude de l’institut Statistique Canada révèle que 61 % des chômeurs du Québec sont des analphabètes fonctionnels. En tant que tels, ces derniers, s’ils travaillaient, ne parviendraient pas à lire des notes de service ou des lettres simples. Le fort taux d’analphabétisme au Québec est un drame, selon de nombreux experts. Le Journal de Montréal, 6 octobre 2016. Quotidien populaire. www.journaldemontreal.com

LE DEVOIR. Manuel Valls au secours des vétérinaires français du Québec

Si travailler au Québec est assez aisé, pratiquer sa profession est une autre affaire. En 2008, Paris et Québec ont signé un accord pour que les diplômés d’une quarantaine de professions puissent exercer dans leurs pays respectifs. Certains professionnels français, dont les vétérinaires, n’ont toujours pas le droit d’exercer dans la Belle Province, bloqués par l’ordre des vétérinaires du Québec. Un thème que Manuel Valls devait aborder avec son homologue québécois lors de son voyage au Canada du 12 au 15 octobre. Le Devoir, 11 octobre 2016. Quotidien montréalais indépendantiste. www.ledevoir.com

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann