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Sur le terrain

Égalité hommes-femmes : Sodexo défend la mixité du management, chiffres à l’appui

Sur le terrain | publié le : 11.10.2016 | Séverine Charon

Pour développer la mixité hommes-femmes, les dirigeants de Sodexo ont un argument : l’étude maison qui montre, chiffres à l’appui, que les entités mixtes sont significativement plus performantes que celles qui ne le sont pas.

Des travaux tendent déjà à montrer que la mixité engendre de la performance, mais Sodexo était convaincu qu’en travaillant sur ses propres données, l’appropriation des résultats serait facilitée. « Notre étude nous donne des éléments factuels et chiffrés pour aller déconstruire les stéréotypes, explique Alain Masson, en charge de la diversité pour la France chez Sodexo. Nous avons décidé d’être pragmatiques : nous ne sommes pas partis d’une situation rêvée, où la mixité serait naturelle partout, pour tous. Il était donc important d’être précis, et d’utiliser les critères que les responsables opérationnels utilisent. C’est comme cela que tous comprennent que renforcer la mixité n’est pas une lubie ou simplement une bonne action, mais un moyen d’accroître la performance. »

L’étude se base sur trois ans d’activité : si certains éléments peuvent doper ou pénaliser des résultats annuels, sur plusieurs années, l’objection ne tient plus. « La réalisation de cette étude nous permet de démontrer que la mixité n’est surtout pas un sujet cantonné seulement aux RH », explique Alain Masson.

Une répartition en forme de sablier

Chez Sodexo, la mixité prend la forme d’un sablier : les femmes peuvent être surreprésentées dans la catégorie “employé” de certains métiers (petite enfance, par exemple) mais être moins nombreuses au niveau du management. Ainsi, au sein du top 300, elles ne sont plus que 23 %, mais elles sont mieux représentées au comité executive du groupe (43 %) et au conseil d’administration (38 %).

Rendue publique mi-2015, l’étude a déjà été utilisée dans de multiples cadres. En interne, elle a été relayée dans les supports de communication à destination des salariés, et ses résultats sont à disposition sur l’intranet.

« En France, des ateliers sur la mixité ont été mis en place dans les directions régionales. À chaque fois que l’étude était présentée, Anna Notarianni, la présidente de Sodexo France, a fait le déplacement », explique Alain Masson. Au cours des ateliers mixité, des femmes managers témoignent et expliquent les difficultés rencontrées dans leurs parcours, parce qu’elles étaient des femmes.

Une opération de relations publiques

Sodexo a aussi utilisé cette étude à des fins de communication externe. Les résultats des travaux, qui plaident bien en faveur de la mixité, ont été présentés lors d’une grande opération de relations publiques menée avec une cinquantaine d’importants clients du groupe. « 80 % des actes d’achat sont faits par des femmes, qui sont évidemment très réceptives aux préoccupations de Sodexo » explique Alain Masson.

Enfin, l’étude a fait l’objet d’une communication au plus haut niveau, à l’occasion du Swift (Sodexo Women’s International Forum for Talent) Meeting de 2015. Ce conseil, créé en 2009 par l’actuel président de Sodexo Michel Landel, est composé de 35 dirigeants représentant 17 nationalités. Il vise à faire avancer la mixité et la représentation des femmes à tous les niveaux dans le groupe. Au cours de cette réunion sont fixés, pour chaque pays, de grands objectifs en matière d’égalité hommes-femmes, adaptés à sa situation.

Méthodologie et résultats

L’étude, réalisée en interne, a analysé les performances sur trois ans de 90 entités du groupe – les plus petites, qui comptaient moins de 25 collaborateurs, ont été exclues de l’analyse –, et interrogé 50 000 managers. Les 90 entités ont été classées en deux catégories : mixtes si le partage entre hommes et femmes dans l’encadrement se situe entre 40 % et 60 %, et non mixte dans le cas contraire.

Pour chaque entité, six indicateurs ont été retenus. Le taux d’engagement des collaborateurs, l’image de la marque et le taux de fidélisation auprès des clients constituent les indicateurs non financiers. La croissance interne, le résultat brut d’exploitation et le résultat opérationnel constituent le volet financier.

La conclusion ? Les entités mixtes affichent des performances significativement meilleures pour chacun des critères. Entre 2010 et 2012, le taux d’engagement a progressé de 4 points dans les entités mixtes, et d’un point dans les autres. Parmi les entités mixtes, 45 % ont amélioré leur croissance interne pendant trois années consécutives, et 65 % ont amélioré leur résultat brut d’exploitation, alors que ces proportions tombent respectivement à 32 % et à 42 % parmi les autres.

Auteur

  • Séverine Charon