Le travail libère des contraintes de la nature et de la dépendance vis-à-vis des autres, mais la condition du travailleur reste aliénée : la plus-value lui échappe comme souvent le sens de sa tâche. Avoir l’intelligence du travail, c’est à la fois garder la main sur le sens de l’œuvre et œuvrer avec plus d’habileté. Au-delà du geste ou du savoir-faire technique, travailler produit une expérience de vie qui forme l’individu et le citoyen, car le travail n’a de sens que dans une interdépendance sociale. L’envisager sous le seul angle du marché, c’est-à-dire de la production de biens de consommation, est donc, pour l’auteur, directeur de l’Institut français de gouvernement des entreprises à l’EM-Lyon, une ineptie dangereuse, qui tend à détruire le lien humain et social. Selon lui, plus que la lutte des classes, la lutte entre le travail et la consommation marque l’époque. Non qu’il faille renoncer à la jouissance des produits du travail ni même adopter une morale janséniste de décroissance, mais parce que la consommation substitue une jouissance à une intelligence, une réplétion à une quête, un individualisme à une communauté. Pour menaçant qu’il puisse sembler, l’avenir reste cependant ouvert, pour autant que nous ne nous désintéressions pas de la condition des travailleurs produisant de l’utilité sociale sans forcément produire des biens de consommation et que nous veillions à préserver la finalité humaine des choix technologiques.