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L’enquête

Ville de Lyon : Apprentis et handicapés

L’enquête | publié le : 20.09.2016 | Solange de Fréminville

Lyon recrute des apprentis en situation de handicap. Ces derniers bénéficient d’aides financières importantes du FIPHFP et d’une politique volontariste.

La Ville de Lyon comptait, en 2015, neuf travailleurs handicapés sur ses 80 postes d’apprentis, et presque autant en 2014. Une exception au regard du faible nombre d’apprentis handicapés dans la Fonction publique hexagonale : autour de 400 à 500 chaque année.

La commune les forme à une large palette de qualifications – du CAP au diplôme d’ingénieur – et à une grande diversité de métiers : espaces verts, restauration, petite enfance, maintenance et équipement industriel, comptabilité, informatique, topographie… Alors que les trois quarts des apprentis handicapés du secteur public sont cantonnés à des diplômes de niveau V dans les espaces verts et la cuisine. Autre originalité : sur 13 personnes, la moitié est âgée de 28 à 50 ans et utilise l’apprentissage comme un outil de reconversion professionnelle, car il n’y a pas de limite d’âge pour les apprentis handicapés.

Pour l’employeur lyonnais, ces embauches répondent à des besoins identifiés par la GPEC. « Nous en avons par exemple pris en comptabilité pour préparer un BTS dans des établissements culturels où il était difficile de recruter des profils de comptables publics sur des remplacements ou des postes vacants », précise Rachel Klingelschmidt, responsable de la mission management et accompagnement des cadres de la Ville de Lyon. La commune s’appuie notamment sur Cap emploi et des forums spécialisés pour recruter et assurer le suivi des apprentis en situation de handicap.

Changer le regard sur le handicap

Ces recrutements n’auraient pu être menés à bien sans une démarche globale en faveur du handicap. En 2011, la Ville de Lyon, qui emploie 7 250 agents, a signé une première convention avec le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). En quatre ans, elle a doublé son taux de bénéficiaires de l’obligation d’emploi, qui atteint aujourd’hui 7 %. « Les deux premières années, nous avons travaillé à changer le regard sur le handicap », souligne Jack Bernon, directeur des relations sociales et de la vie au travail ; 22 % du budget handicap, qui atteint 1,12 million d’euros, ont été consacrés à des actions de sensibilisation : séances de théâtre et débat pour tous les cadres chargés des recrutements, bande dessinée destinée à tous les agents…

Des aides importantes

Dans une période où les collectivités s’efforcent de resserrer la masse salariale en raison de la baisse des dotations de l’État, les apprentis en situation de handicap bénéficient en outre de deux arguments de poids : les aides du FIPHFP couvrent la quasi-totalité des coûts (80 % du salaire, frais pédagogiques, aménagement du poste, accompagnement de l’apprenti), et ce public est dispensé de concours.

Pour que leur intégration se fasse sans heurt, elle est préparée en amont et est accompagnée au plus près des besoins de chacun. « On aide les directions à s’organiser pour anticiper les difficultés », explique Rachel Klingelschmidt. Les maîtres d’apprentissage, qui reçoivent une gratification (statutaire), sont les personnes clés d’un dispositif qui n’a enregistré jusqu’ici aucune rupture de contrat. « Cela les intéresse d’encadrer un apprenti, de partager leur expérience et leur savoir-faire », assure la responsable de la mission management et accompagnement des cadres.

Dans le cadre de la 2e convention signée avec le FIPHFP au début de l’été 2016, de nouvelles embauches d’apprentis handicapés sont prévues.

Auteur

  • Solange de Fréminville