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L’enquête

Armor : Un dispositif spécifique pour les collaborateurs clés

L’enquête | publié le : 13.09.2016 | Séverine Charon

L’entreprise vient d’ouvrir son capital à ses salariés français via un FCPE, et a mis en place une holding pour certains de ses managers, qu’elle souhaite fidéliser.

Mi-2015, la société Armor, entreprise de taille intermédiaire (ETI) non cotée d’origine nantaise et spécialiste mondial des consommables d’impression, a ouvert son capital à deux types de salariés : ceux employés en France quel que soit leur statut, soit un peu moins de 700 personnes sur 2 000 au total, et ses collaborateurs clés à travers le monde, qui sont environ 120.

Cette entreprise familiale, cédée à un fonds d’investissement en 2008, a été reprise dès 2013 par ses dirigeants, lorsque le fonds a souhaité se désengager. Au moment de la prise de contrôle, les sept dirigeants ont alors signifié leur projet d’ouvrir le capital aux salariés, avec l’objectif de les associer au développement de la société.

Actions et obligations

Une promesse réalisée en 2015, lorsque les Français se sont vu proposer la possibilité de souscrire à un fonds commun de placement d’entreprise (FCPE) fermé (avec une unique souscription), composé à 40 % d’actions EN4 – la holding de contrôle d’Armor –, à 40 % d’obligations et à 20 % de fonds monétaires pour assurer la liquidité et les éventuelles sorties du fonds à la suite de demandes de déblocage. Les collaborateurs clés, c’est-à-dire des salariés exerçant des fonctions à responsabilités managériales ou techniques – que l’équipe dirigeante souhaitait particulièrement fidéliser – pouvaient, eux, investir directement dans une holding. En France, cette population pouvait de fait accéder aux deux dispositifs.

Exposition au risque réduite

« Le FCPE contient à la fois des actions et des obligations, afin de réduire l’exposition au risque, et les actions ont bénéficié d’une décote de 20 %, explique Marc Jacobs, directeur administratif financier et ressources humaines d’Armor. Les parts de la holding de managers sont constituées de 80 % d’actions, sans décote, et de 20 % d’obligations. Dans le cas du FCPE, la sortie n’est possible qu’après cinq ans ou dans les cas de déblocage prévus par la loi. Dans le cas de la holding, la sortie est régie par un règlement intérieur », cette échéance étant liée à celle du pacte d’actionnaires, a priori à l’horizon 2020-2021 au plus tôt.

En France, 229 salariés – environ un sur trois – ont investi pour un montant moyen de 5 150 euros, soit un total de 1,2 million d’euros. Ce qui représente 1,14 % du capital. Chacun a pu investir sur ses propres deniers, verser tout ou partie de la participation et de l’intéressement, ou basculer vers le FCPE des avoirs déjà placés dans d’autres fonds du plan d’épargne entreprise (PEE). Les salariés ont aussi bénéficié du dispositif d’abondement préexistant au sein du PEE : 100 % à concurrence de 1 000 euros.

Parmi les collaborateurs clés, 73 ont investi dans la holding, pour un montant moyen de 36 000 euros. Certains n’ont pas pu souscrire, en raison de la réglementation locale, comme en Chine ou au Maroc par exemple, explique Marc Jacobs.

Ce dernier se dit globalement très satisfait de l’opération : « L’accueil réservé à l’ouverture du capital a été bon – les partenaires sociaux l’ont tous approuvée –, la proportion de collaborateurs ayant franchi le pas est plus importante qu’attendu, et les montants souscrits vont au-delà de ce qui avait été prévu, se félicite-t-il. De plus, cela a amené les salariés à investir plus volontiers dans le PEE, et notamment à y verser la participation et l’intéressement, au lieu de demander à percevoir les primes. En 2016, les comportements ont changé et un salarié sur deux, tous collèges confondus, a investi dans le PEE. »

« Nous étudions la possibilité d’ouvrir une nouvelle souscription au capital de la holding à l’horizon 2018, poursuit-il. En revanche, la mise en place d’un nouveau FCPE pour les salariés est encore en débat. L’opération, qui nécessite entre autres l’obtention d’un visa AMF [Autorité des marchés financiers, NDLR], est plus complexe et son coût plus élevé. Il faut donc être assuré d’atteindre à nouveau un montant global de souscription au moins égal à 1 million d’euros. Si elle devait avoir lieu, l’opération ne serait de toute façon programmée qu’en 2018. »

Depuis l’ouverture du capital, soit en un an et demi, la valeur de l’action Armor – calculée deux fois par an par un consultant indépendant – a plus que doublé, ce qui ne peut qu’encourager les salariés à participer à de telles opérations.

Repères

Activité

Fabricant de consommables d’impression.

Effectifs

2 000 collaborateurs dans le monde, 684 en France.

Chiffre d’affaires 2015

239 millions d’euros.

Auteur

  • Séverine Charon