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Sur le terrain

Santé au travail : La Région Auvergne-Rhône-Alpes, pas à pas contre les RPS

Sur le terrain | publié le : 06.09.2016 | Véronique Vigne-Lepage

Au sein de la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes, le dispositif rhônalpin de lutte contre les risques psychosociaux (RPS), largement utilisé, évolue vers la prévention. Il pourrait être étendu aux agents auvergnats.

A l’heure où la région Auvergne-Rhône-Alpes réorganise ses services (les directeurs, moins nombreux qu’auparavant, viennent d’être nommés), les dispositifs RH vont également devoir être harmonisés. « On va prendre le meilleur de ce qui existait dans chacune des deux anciennes régions, assure Stéphane Patrouillet, délégué Unsa au CHSCT de Rhône-Alpes* – 6 500 agents sur les 9 000 de la nouvelle région. C’est le cas d’Espere, dispositif rhônalpin d’alerte et de traitement des risques psychosociaux, que nous copilotons et conseillons aux agents. »

Trois voies d’alerte

Espere (anagramme de RPS) a été mis au point en 2012 par un groupe projet associant les préventeurs du service santé-prévention-médiation (SPM, intégré à la DRH), des managers et des représentants syndicaux. Il propose trois voies d’alerte : le n + 1 (rarement utilisé), le service SPM (100 demandes individuelles l’année dernière et deux collectives impliquant 40 agents) ou une cellule d’écoute anonyme, extérieure et gratuite, confiée au cabinet Psya (162 appels).

Pour les agents du siège de la région, cette dernière est contactée le plus souvent pour des problèmes d’organisation du travail. Dans les lycées, il s’agit plutôt de conflits avec des collègues ou avec l’encadrement (pénalisé par une double hiérarchie Éducation nationale et région).

Parfois, il suffit au « plaignant » de pouvoir s’exprimer. Dans le cas contraire, Psya lève l’anonymat, en accord avec l’agent concerné, et la situation est présentée à un « groupe d’analyse » réunissant la DRH, David Forest, responsable du service SPM, et sa collaboratrice chargée de mission RPS. Selon les cas, d’autres personnes – non parties prenantes de la situation – peuvent être associées : assistante sociale, médecin du travail, proviseur, etc. Le but est de proposer une solution. « Cela se déroule sans l’agent mais, en amont, on a travaillé avec lui sur son besoin, explique David Forest. Les principes sont la coresponsabilité et aussi la bienveillance de toutes les parties. »

Soucieux de ne pas stigmatiser l’encadrement, le service SPM n’a recours à la cellule mobilité qu’en dernier ressort. In fine, la solution est soumise à un groupe décisionnel (DRH, DGS, rectorat…).

En parallèle, un plan de formation de tout l’effectif, conçu et animé par Psya, est toujours en cours de déploiement. Pendant une journée, de simples agents sont mêlés, par groupes, à des managers, des membres de la DRH, des préventeurs et des représentants syndicaux, pour une formation théorique aux RPS et au dispositif. Le lendemain, les managers et les autres responsables sont formés à l’écoute active. Quant aux autres agents, ils s’attablent autour d’un jeu de plateau spécialement conçu par le cabinet. « Ce jeu les projette dans la résolution d’une situation – harcèlement moral, absentéisme, perte de sens, violence, burn-out… –, dans la peau de l’encadrant, du préventeur ou de l’agent, explique Rémi Sintes, le concepteur chez Psya. On suscite ainsi leur engagement et leur créativité. »

Espace de discussion

« L’étape suivante, c’est la prévention », assure David Forest, qui expérimente dans son service un espace de discussion. Contrairement aux réunions de service, « où n’est donnée qu’une information descendante », chacun peut ici s’exprimer à égalité à propos du travail. Une charte élaborée par les membres du service définit le type de sujets abordés, les principes de bienveillance et de calme, le rôle de l’animateur. « Dans notre service, nous avons décidé que je serai l’animateur, mais uniquement pour passer la parole. Or j’ai fini par donner mon avis en tant que responsable, avoue David Forest. Les participants n’ont pas manqué de me le faire remarquer ! » À leur tour, d’autres services vont créer un tel espace de discussion.

Autre moyen de prévention : les équipes RH et recrutement intègrent la prise en compte des RPS dans les fiches de poste des managers, et le service d’accompagnement managérial va ajouter un module spécifique sur ce sujet dans les formations continues pour l’encadrement. « Ce sujet n’est pas une prérogative du service santé-prévention-médiation », se réjouit David Forest… Même si Stéphane Patrouillet, lui, aimerait que celui-ci soit étoffé de préventeurs répartis sur le territoire.

L’enjeu actuel concerne l’évaluation d’Espere. « Nous allons voir comment aller plus loin en la matière, notamment pour connaître l’efficacité du dispositif au-delà de la quantification des appels, précise David Forest. Peut-être un questionnaire après six mois de fonctionnement. Nous constatons déjà qu’il n’y a pas de “réappel”… »

* Les deux CHSCT perdurent jusqu’aux nouvelles élections professionnelles, prévues fin 2016.

Auteur

  • Véronique Vigne-Lepage