Après vingt-trois ans dans la marine, un ex-capitaine de frégate est retourné à la vie civile comme chef de projet hygiène sécurité environnement dans une entreprise de forage pétrolier, grâce à une VAE qui a reconnu ses compétences en ingénierie. Cet exemple montre, parmi d’autres, qu’au ministère de la Défense, la VAE fait partie de la politique de gestion des compétences depuis longtemps : « On la propose au personnel tout au long de la carrière, puis au moment de la reconversion, c’est une valorisation des parcours et un fort levier de motivation à faible coût », explique la capitaine, chef de la cellule certification professionnelle et VAE.

Un des éléments de succès réside dans le fait que, depuis 2009, le ministère a mis en place un dispositif d’accompagnement renforcé à la VAE, assuré par 80 référents de son réseau Défense Mobilité, lequel accompagne chaque année la reconversion professionnelle de 16 000 militaires retournant à la vie civile.

Cet accompagnement commence par des réunions mensuelles d’information collective ouvertes à tous pour présenter le dispositif de VAE ainsi que les conditions et les certifications accessibles.

« Ensuite, chaque personne intéressée prend rendez-vous pour un entretien-conseil d’orientation personnalisé avec un référent VAE qui l’aide à identifier la certification correspondant le mieux à son profil et à ses aspirations », explique la responsable de la cellule certification.

Si le diplôme visé est une certification du ministère de la Défense, l’accompagnement est gratuit et pris en charge par Défense Mobilité. C’est également le cas pour des candidats extérieurs venant d’autres ministères.

La préparation se poursuit alors par trois ateliers : monter son dossier et connaître les modalités d’évaluation ; traduire ses expériences en fonction du référentiel et des compétences attendues ; et préparer la soutenance devant le jury. Les méthodologies sont formalisées et les ateliers sont le plus souvent collectifs, ce qui, selon la chef de la cellule certification professionnelle et VAE, encourage les candidats à s’engager dans cette démarche personnelle assez prenante : « Le groupe a un effet d’entraînement, ils se soutiennent, s’échangent des bonnes pratiques pour la rédaction du livret 2, et on constate qu’ils avancent beaucoup plus vite en groupe que seuls. »

Les sessions collectives sont également plus efficaces pour les organisateurs. Elles rassemblent tous les mois des candidats préparant différents types et niveaux de diplôme. « Au début, les actions collectives étaient réservées à des groupes homogènes, de très bas niveau de qualification. Puis nous les avons étendues à des groupes plus hétérogènes, de différents niveaux, et cela fonctionne également », ajoute la responsable.

Lorsque le candidat à la VAE choisit une certification externe au ministère, si cela s’inscrit dans une démarche de reconversion, il peut obtenir un financement à hauteur de 3 000 euros pour être accompagné par un organisme extérieur.

Par ailleurs, le ministère mène des actions pour faciliter les démarches de VAE du public le moins qualifié. Il a notamment passé une convention avec le ministère de l’Éducation nationale, et permet des “VAE simplifiées” par recours à des procédures administratives allégées. « Nous organisons aussi chaque année des VAE collectives pour nos conseillers emploi du réseau Défense Mobilité, ajoute la responsable du service : la prestation est externalisée et a été assurée par le Cnam pour le titre de niveau III, chargé d’accompagnement social et professionnel. »

Bilan de cette politique d’accompagnement renforcé : en 2015, 283 candidats ont déposé un dossier de VAE et 117 ont validé un titre du ministère la Défense (47 de niveau III, 30 de niveau II et 29 de niveau IV). Et la même année, 488 candidats se sont orientés vers une certification hors ministère.

Sur les dix dernières années, 2 154 salariés ont obtenu une certification professionnelle du ministère de la défense par VAE.