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Sur le terrain

Canada : Fort Mcmurray : un bilan plein d’ombres

Sur le terrain | International | publié le : 19.07.2016 | Ludovic Hirtzmann

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Canada : Fort Mcmurray : un bilan plein d’ombres

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

Les incendies de Fort McMurray, en Alberta, ont conduit à l’évacuation d’une ville de 100 000 habitants pendant plus d’un mois. Ce désastre humain et économique s’est ajouté au défi pour les entreprises pétrolières de gérer une crise de leurs ressources humaines sans précédent.

Près de 590 000 hectares, soit l’équivalent de 56 fois la superficie de Paris, sont partis en fumée depuis le 1er mai. The Beast (la Bête) – c’est ainsi que les médias anglophones nomment le brasier – s’il ne menace plus directement Fort McMurray et les entreprises pétrolières, est, près de deux mois plus tard, contenu, mais pas totalement éteint. Une ville de 100 000 habitants a été évacuée pendant un mois.

L’Alberta abrite les troisièmes réserves de pétrole au monde, derrière l’Arabie saoudite et le Venezuela. Plusieurs compagnies pétrolières ont arrêté leur production pendant près d’un mois. Si la gestion de crise a été un défi logistique – la porte-parole de Shell Canada, Tara Lemay, confie que « 9 800 personnes (familles et travailleurs) ont été évacuées par avion des aérodromes » situés à proximité des puits de pétrole de la Shell –, les incendies de “Fort Mac” ont été aussi un formidable défi RH.

Avances sur bonus

« Nous avons continué à payer nos travailleurs pendant leur absence ; nous leur avons fourni des avances sur bonus et les avons conseillés », indique pour sa part Will Gibson, le porte-parole de Syncrude Canada, une compagnie pétrolière de 4 800 personnes. Alors que de nombreux salariés n’ont plus de maisons à Fort McMurray et sont logés à Calgary, les géants du pétrole utilisent leurs avions pour transporter leur personnel vers les campements pétroliers en effectuant force allers-retours.

Durant la crise, les salariés évacués ont maintenu un lien avec leur employeur, via leur smartphone et les réseaux sociaux. Syncrude Canada a tenu des réunions « à Calgary et Edmonton, où les salariés pouvaient entendre des bulletins de situation annoncés par notre président et lui poser des questions en direct, ajoute le représentant de Syncrude Canada. La participation à ces séances a été importante. Nous avons aussi tenu des vidéoconférences ». Si cette société a continué à payer ses employés pendant la catastrophe, Shell Canada leur a en outre accordé le remboursement des frais d’hôtel et de nourriture, avant d’opter pour un forfait de dédommagement de 6 000 dollars (4 110 euros), une somme peu élevée au regard du coût de la vie dans la région.

Les services d’urgence ont effectué un travail remarquable ; mais certains employeurs ont quant à eux été défaillants. Environ 1 000 travailleurs de la Canadian Natural Resources (CNR) ont été bloqués sur le site de l’entreprise pendant plusieurs jours dans des conditions sanitaires déplorables. La direction a refusé de les évacuer, malgré la dégradation de la qualité de l’air. L’un des employés de CNR avait alors confié à Radio-Canada : « On a de la misère à voir à 30 mètres. » L’épouse d’un salarié licencié pour avoir demandé à être évacué a précisé que, selon son époux, « l’entreprise leur demandait de travailler dans une situation extrême ». Sous la pression médiatique, CNR a argué de sa situation financière difficile, avant de finir par évacuer ses collaborateurs.

Aide minimaliste

Si le gouvernement de l’Alberta a été remercié pour sa bonne gestion de crise, son aide aux sinistrés a été minimaliste : une allocation d’urgence de 1 250 dollars (856 euros). Pire, les autorités ont fait appel à 300 pompiers venus d’Afrique du Sud pour combattre les incendies. Ces derniers ont vite déchanté, se plaignant de percevoir une allocation de 15 à 50 dollars par jour, contre 26 dollars de l’heure pour leurs collègues canadiens ! La Première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, pointée du doigt par les médias, a assuré que les Sud-Africains seraient payés comme les Canadiens. Une promesse bien difficile à vérifier à l’heure où ils sont repartis chez eux.

Dans les médias

TVA. Dix ans de paix sociale pour Air Canada

La direction d’Air Canada s’est félicitée d’être parvenue à un accord d’entreprise sur les conditions de travail avec tous les syndicats et pour les dix prochaines années. Cette entente devrait garantir la paix sociale et soutenir « une croissance rentable à long terme dans l’intérêt de toutes les parties prenantes », selon la direction. 14 juin 2016. TVA, site Web de la chaîne de télévision généraliste TVA.

LES AFFAIRES. Vacances plus chiches pour les travailleurs du bâtiment

Les travailleurs québécois du bâtiment ont droit à deux semaines de vacances par an à la mi-juillet. Si la Commission de la construction, qui assure le respect des conventions collectives du secteur, leur reverse les congés payés, les salariés toucheront 3 % de moins que l’an dernier. De mauvaises vacances en perspective, puisqu’il s’agit de la troisième baisse annuelle d’affilée. 22 juin 2016. Les Affaires, site Web de l’hebdomadaire économique du même nom.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann