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Sur le terrain

États-Unis : Le syndicat UAW met un pied dans la porte chez VW

Sur le terrain | International | publié le : 21.06.2016 | Caroline Crosdale

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États-Unis : Le syndicat UAW met un pied dans la porte chez VW

Crédit photo Caroline Crosdale

La syndicalisation, partielle, de l’usine Volkswagen de Chattanooga (Tennessee) reste en suspens. La direction refuse d’ouvrir les négociations salariales avec les seuls ouvriers de la maintenance, qui se sont syndiqués à l’UAW.

La lune de miel entre Volkswagen et le syndicat américain de l’automobile UAW (United Auto Workers) n’a pas duré. Les deux parties s’étaient entendues, à la surprise générale, pour ouvrir au syndicat les portes de l’usine de Chattanooga, dans le Tennessee, il y a deux ans. Mais lorsque, à l’automne dernier, l’UAW a réussi à se faire élire par les personnels de maintenance sur le site, le constructeur allemand a rétropédalé, et il a refusé l’ouverture de négociations salariales avec les représentants de l’UAW, ce qui est pourtant la règle après la syndicalisation du personnel sur un site.

L’enjeu est important pour tous les acteurs. Depuis plusieurs années, en effet, les stratèges du syndicat essaient de s’implanter dans les usines des constructeurs étrangers Volkswagen, BMW, Nissan, Toyota et Hyundai, installées dans les États du sud. Là où, précisément, les syndicalistes ne sont pas les bienvenus. Ce sont des États right to work, toujours prêts à défendre le « droit de travailler », sans intervention du syndicat. Mais les responsables de l’UAW, pilier du dialogue social chez les américains Ford, Chrysler et GM, entendent bien s’introduire auprès de ces nouvelles marques.

IG Metall à la rescousse

Toyota, Nissan et les autres résistent le plus possible aux efforts de l’UAW en prônant une communication directe avec leurs troupes. Mais les syndicalistes avaient trouvé une oreille attentive à Chattanooga. Dans son pays, la direction allemande de Volkswagen est adepte de la cogestion. Les leaders du syndicat IG Metall, représentés au conseil de surveillance de VW, ont poussé au dialogue avec leurs confrères de l’UAW. Et soudainement, la direction du constructeur s’est dite prête à accueillir le syndicat dans ses murs américains. Après tout, la direction encourage partout dans le monde la création de comités d’entreprise dans lesquels syndicalistes et patrons discutent des conditions de travail. Pourquoi ne pas faire de même aux États-Unis ?

Pourtant, la majorité des ouvriers de l’usine de Chattanooga ont voté contre l’UAW, persuadés par les élus locaux que le site perdrait les aides et subventions accordées par l’État du Tennessee si le syndicat s’y introduisait. Mais l’UAW s’est obstinée. Et, à l’automne 2015, une petite partie du personnel – 160 spécialistes de l’entretien, réparateurs des machines et robots – a voté en faveur du syndicat : 71 % des intéressés ont déclaré qu’ils voulaient être représentés par l’UAW.

L’histoire aurait pu s’arrêter là… mais la nouvelle direction du groupe a refusé d’ouvrir les discussions sur les négociations salariales, en affirmant que l’ensemble des 1 500 salariés payés à l’heure devraient se prononcer sur l’arrivée de l’UAW dans l’usine, et pas seulement les experts de l’entretien. En fait, depuis 2014 et la chute du Pdg de Volkswagen Martin Winterkorn en 2015, le vent a tourné. La nouvelle équipe mise en place par son remplaçant, Matthias Müller, semble beaucoup moins bien disposée à l’égard de l’UAW.

Dossier au point mort

Volkswagen est conseillé désormais par le cabinet juridique Littler Mendelson, un expert en législation du travail, qui a la réputation d’être un union buster, en clair un spécialiste de la lutte antisyndicale. UAW et Volkswagen ont défendu leurs points de vue divergents devant le National Labor Relations Board (NLRB), agence fédérale chargée d’arbitrer les conflits en entreprises. En avril dernier, le NLRB a tranché en faveur de l’UAW. Depuis, le dossier est au point mort. Gary Casteel, le trésorier de l’UAW, devait rencontrer Karlheinz Blessing, le responsable des ressources humaines, pour tenter de renouer le dialogue et de démarrer enfin les négociations salariales pour les personnels de l’entretien. Dans le sud des États-Unis, la mise en place de la cogestion est un travail de longue haleine. De très longue haleine.

Dans les médias

WALL STREET JOURNAL. La Maison Blanche pour l’égalité

Avant de partir, le président Barack Obama veut faire progresser les dossiers qui lui tiennent à cœur. Il a convaincu 28 entreprises de lutter contre les inégalités de salaires entre hommes et femmes. Elles ont promis d’analyser chaque année leur processus d’embauche et leur politique de promotion pour réduire le gap entre les deux sexes. En moyenne, la femme gagne 79 % du salaire de son collègue masculin. Amazon, Pepsico, Dow Chemical, Accenture, Deloitte, L’Oréal USA, Johnson et Johnson… ont signé la promesse de la Maison Blanche. 13 juin 2016, Wall Street Journal, quotidien.

WALL STREET JOURNAL. Rafraîchir l’outil LinkedIn

La vente de LinkedIn à Microsoft pour plus de 26 milliards de dollars fait réfléchir les chasseurs de têtes. Le site reste essentiel pour repérer des candidats adaptés à certaines offres d’emploi, mais il a perdu de son importance. L’objectif des recruteurs n’est pas seulement de trouver de bons CV, mais d’engager un dialogue avec les prospects. Sur ce terrain, LinkedIn n’est plus seul. On y trouve aussi l’agrégateur d’informations Entelo et Twitter. Microsoft, le nouveau propriétaire de LinkedIn, l’aidera peut-être à se réinventer. 13 juin 2016, Wall Street Journal.

Auteur

  • Caroline Crosdale