« Les avantages acquis restent légitimes tant que leur raison demeure »
Notre manifeste débute par une réhabilitation des avantages acquis. Destinés par définition à une catégorie précise de personnes, ils sont néanmoins légitimes en ce qu’ils sont octroyés, négociés ou conquis en échange d’autre chose : primes ou journées de récupération pour compenser un travail pénible, statut de certains fonctionnaires pour les protéger de la corruption… Et ils restent légitimes tant que la raison qui est à l’origine de leur création demeure et que le contexte le permet.
Oui, car leur maintien peut être contre-productif. Laisser un salarié continuer à bénéficier d’un avantage acquis dans son précédent emploi entretient le flou et l’opacité. L’avantage dont disposent les Pdg des grandes entreprises de fixer eux-mêmes leur rémunération apparaît désormais contre-productif. Maintenir des avantages devenus inacceptables économiquement pèsera sur la masse salariale au détriment des embauches.
C’est en tout cas le présupposé du projet de loi travail, qui fait le pari d’une plus grande réversibilité du droit du travail pour lutter contre le chômage. Certaines dispositions du texte vont dans ce sens : la primauté de l’accord d’entreprise sur l’accord de branche ; celle des accords collectifs sur le contrat de travail ; la disparition de la notion d’avantage individuel acquis au profit du maintien de la rémunération perçue.
Ce n’est pas facile, mais il doit être possible de faire admettre que les conditions de travail évoluant, les avantages attachés à ces conditions doivent aussi évoluer. Par ailleurs, il faut faire comprendre que, pour avoir de nouveaux avantages, il faut accepter de perdre les anciens. Il nous semble que trois critères doivent présider à la négociation de ces avantages : ils doivent être temporaires, donc assortis d’une durée de validité ; justifiables, c’est-à-dire rétribuant une contribution, et socialement acceptables.