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Sur le terrain

Retour sur… La politique santé-sécurité du groupe Avril

Sur le terrain | publié le : 07.06.2016 | Virginie Leblanc

Depuis 2012, le groupe agro-industriel Avril a réalisé des progrès significatifs en matière de santé et sécurité au travail, illustrés par une très forte réduction du taux de fréquence des accidents du travail. À la clé, une sensibilisation de terrain responsabilisante.

Depuis son arrivée en 2012 à la tête du groupe Avril, notamment producteur des huiles Lesieur (7 200 collaborateurs, 22 pays), Jean-Philippe Puig a fait de la sécurité une priorité, considérée également comme un levier de performance industrielle. Objectifs fixés : réduire le taux de fréquence des accidents de 20 % chaque année. Et les résultats sont au rendez-vous : en trois ans, le groupe a réduit de 57 % le taux de fréquence des accidents du travail.

Comment ? En inscrivant la sécurité dans le quotidien des salariés et en s’appuyant notamment sur le succès des visites de sécurité terrain (VST). Selon Philippe Lamblin, DRH du groupe Avril : « 90 % des risques sont comportementaux » et, grâce aux VST, chaque salarié peut prendre conscience de ceux auxquels il est exposé, mais aussi qu’il fait courir à ses collègues. Les managers doivent en réaliser au moins dix par an.

« Au cours de ces visites, nous décortiquons une tâche précise avec une typologie de questions : à quoi faire attention pour ne pas se faire mal ? À quelle partie du corps risque-t-on de se faire mal ? Quel imprévu pourrait se produire ?, etc. », poursuit Jean-François Enselme, responsable sûreté et bien-être du groupe. L’objectif est d’inciter les salariés à se poser des questions en permanence. Pendant vingt minutes, le manager cherche à comprendre la tâche, la réalité des travaux demandés. « Cela lui permet aussi de montrer l’intérêt qu’il porte à la personne », rapporte le responsable de la sécurité. « Et à chaque fois, poursuit Jean-François Enselme, nous essayons de réaliser une action immédiate. » Cela peut consister à simplement mieux ranger un jet d’eau afin d’éviter des chutes. À l’issue de la visite, un compte-rendu est remis aux participants. Le manager retourne le mois suivant au même endroit pour remettre l’accent sur les sujets évoqués.

400 managers sur 900 ont été formés pendant une journée, la moitié du temps étant consacrée à la théorie et l’autre moitié à une pratique sur le terrain avec un salarié réalisant déjà des VST. Quatre formateurs internes peuvent aujourd’hui dispenser ces formations, en plus du directeur. Et ces démarches entrent en compte dans les évaluations des managers.

Des actions simples et permanentes

« Le groupe nous incite et nous accompagne dans la promotion de la santé-sécurité au travail depuis plusieurs années, témoigne Benoît Lafitte, directeur de l’établissement de Grande-Synthe (Hauts-de-France, 120 collaborateurs), Lesieur Générale Condimentaire, un site sur lequel sont préparées des mayonnaises, sauces, sauces vinaigrettes, ketchup, et le conditionnement de la moutarde. Nous essayons de réaliser des actions simples et permanentes, en misant sur les comportements à adopter et, pour cela, l’exemplarité du management est essentielle. Nous sommes très vigilants à l’égard des “presque-accidents” ;, nous les analysons comme un accident pour en éliminer la cause. »

En outre, le CHSCT du site a porté des avancées en terme de sécurité. En 2014, alors qu’un salarié avait reçu une projection de jus de citron dans l’œil, des mesures ont été prises pour que ce ne soit plus possible. Le port des lunettes de protection est devenu obligatoire, et elles ont même été ajustées à la vue des salariés, le port des lunettes de protection sur les lunettes de vue ayant fait l’objet de remontées sur le caractère peu pratique de la superposition.

Équipements de protection

S’agissant des caristes, les conducteurs ont tendance à laisser dépasser une jambe du chariot : afin d’être protégés, ils ont été obligés d’appuyer sur une pédale ; à défaut, le chariot s’arrête. Mais cette solution, entraînant un appui prolongé de la jambe, a créé de la fatigue. Des discussions se sont alors engagées pour imaginer un autre système. Une porte sécurisée a remplacé la pédale dite “homme-mort”.

Autre progrès notable souligné par Franck Roucou, un des cinq membres du CHSCT : « Des casiers ont été installés pour les EPI [équipements de protection individuelle], alors qu’avant, tout était rouillé, ce qui est un problème pour l’hygiène. De plus, une porte automatique d’accès aux ateliers a été installée afin d’éviter de saisir des poignées. » Une autre initiative a permis aux opérateurs qui manipulent les boîtes de condiments de porter moins de charges. L’installation d’un tapis égouttoir qui amène les légumes directement dans les seaux a permis d’éviter des manipulations intermédiaires.

Par ailleurs, le groupe a organisé un “challenge santé-sécurité”. Les bonnes pratiques des établissements sont recensées dans un guide qui détaille « 101 bonnes idées et initiatives » du pôle végétal d’Avril. Elles y sont classées par thèmes. On peut identifier qui propose la bonne idée, avec son contact, visualiser grâce à des photos la bonne pratique, et le guide explique à chaque fois « comment cette initiative contribue à la santé, à la sécurité et/ou au bien-être au travail ».

Par exemple, dans certains endroits de l’usine, on peut voir des bornes fonctionnant par radiofréquence, qui limitent la vitesse du chariot conduit par un cariste. Cette installation a d’ailleurs été primée au challenge sécurité de l’entreprise. Un sens giratoire a également été instauré pour éviter les collisions.

Signe que l’entreprise n’hésite pas à investir pour la sécurité : dans une zone de chargement des colis dans les camions, où il peut faire très froid, d’où un risque de condensation et de verglas, un tube soufflant de l’air chaud a été installé il y a deux ans, pour un montant de 215 000 euros.

Auteur

  • Virginie Leblanc