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Sur le terrain

Formation : École maison et POE chez le maroquinier SIS

Sur le terrain | publié le : 07.06.2016 | Marie Albessard

Le groupe SIS a créé en 2011 l’École de maroquinerie d’Avoudrey (ÉMA) pour former ses assembleurs maroquiniers via une préparation opérationnelle à l’emploi (POE). La transmission des savoirs, la qualité de la production et la fidélisation des nouveaux salariés sont ainsi assurées.

Dans le Doubs, à Avoudrey, le groupe de maroquinerie SIS a créé, en 2011, une école de maroquinerie, l’ÉMA, qui forme des assembleurs maroquiniers. Le groupe de 1 250 salariés (sur quatre sites de production dont deux à l’étranger) fabrique des bracelets de montre, des produits de gainerie et de maroquinerie pour des marques du luxe.

En 2009, la direction prévoit le développement de son activité, mais elle fait face à des problématiques d’embauche : « Nous recrutions de façon classique – réception des CV, entretien et tests – et les arrivants apprenaient sur le tas dans les ateliers : la déperdition était forte, car beaucoup de nouveaux se démotivaient. C’était une méthode de recrutement très chronophage, notamment pour les opérateurs, qui devaient s’assurer de la bonne transmission des savoirs », explique Sophie Monnet, DRH.

Face à des besoins croissants de main-d’œuvre, la direction impulse la création de l’ÉMA pour garantir la transmission des savoirs, la bonne intégration des assembleurs à la production et l’adaptation des compétences aux exigences des clients.

« Aujourd’hui, sept personnes recrutées sur dix restent dans l’entreprise, contre trois sur dix avant la création de l’ÉMA », constate Michaëlle Zerlauth, consultante RH du cabinet de conseil Ressources2, intervenue chez SIS pour coordonner l’ÉMA et accompagner les stagiaires (un autre membre de son cabinet le fait depuis peu).

Pas de pré-requis

La formation de 11 semaines en Préparation opérationnelle à l’emploi (POE) est délivrée par des opératrices volontaires ou choisies par les RH pour leur expérience, leurs qualités pédagogiques et qui ont été formées à enseigner, par Ressources2, pendant cinq jours.

En 2010, Michaëlle Zerlauth a conçu les parcours de formation en coordination avec les chefs d’ateliers et d’équipes. Pôle emploi identifie des demandeurs d’emploi intéressés et organise des réunions d’information. Les candidats, pour lesquels aucun pré-requis n’est exigé, passent des tests de recrutement par simulation sur la dextérité, la concentration, le respect des consignes et la capacité à travailler en équipe, avant un entretien de motivation avec le consultant de Ressources2. Une fois acceptés, les stagiaires sont formés aux gestes de base, s’entraînent sur une ligne école (une ligne de production pédagogique) avant d’intégrer la production sous l’œil de tuteurs, des salariés expérimentés volontaires formés pendant deux jours aux méthodes d’accompagnement. Les stagiaires bénéficient aussi de modules sur la sécurité ou la qualité, assurés par les responsables dédiés de l’entreprise.

Les cinq classes de l’ÉMA sont rattachées à une business unit d’un ou plusieurs clients afin d’adapter les savoir-faire aux exigences qualitatives de chacun de ces derniers. Ressources2 suit les stagiaires jusqu’à validation de la POE, par un passage devant une commission composée des financeurs de l’ÉMA : Pôle emploi (qui rémunère les demandeurs d’emploi), l’Opca de branche Opcalia (pour les heures de formation) et la région Franche-Comté. Ces partenaires financent les trois quarts du million d’euros de budget annuel de l’ÉMA, que SIS complète sur un budget spécifique.

Après leur formation à l’école, 80 % des stagiaires signent avec SIS un CDD, CDI ou CDI d’apprentissage : 454 assembleurs maroquiniers ont ainsi été recrutés entre 2011 et 2015 et 100 recrutements par an sont prévus de 2016 à 2018. SIS encourage les salariés en CDI d’apprentissage à poursuivre avec un CAP maroquinerie : des professeurs du Greta Besançon viennent dans l’entreprise pour les cours théoriques, et le travail de préparation au CAP est rémunéré en heures supplémentaires. Depuis 2011, les 130 personnes qui ont passé le CAP Maroquinerie l’ont validé.

« L’ÉMA a permis d’accompagner le développement de l’entreprise et d’améliorer les compétences dans l’atelier », conclut Sophie Monnet, qui étudie désormais la possibilité de délivrer cette formation en e-learning.

Auteur

  • Marie Albessard