Si l’on parle beaucoup de culture d’entreprise, couramment de “valeur travail”, pas mal aussi de l’éthique des affaires, le silence est redevenu quasi total sur les valeurs des entrepreneurs. Les années Reagan et Thatcher tendaient à porter au pinacle la figure de ce héros des temps nouveaux qu’était l’entrepreneur. Le tsunami des fusions-acquisitions, des délocalisations et la casse sociale qui s’est ensuivie ont légèrement refroidi l’enthousiasme. Le monde des affaires s’est replié derrière la discrétion qui lui sied. Quand les patrons tombent aujourd’hui sous le feu des médias, c’est rarement à leur avantage. L’auteur, directeur d’un groupe de sociétés de services à la personne, rompt avec cette nouvelle modestie de bon ton pour, dans un vibrant plaidoyer en faveur des entrepreneurs, revenir à la veine héroïque des années 1980. L’entrepreneur – fut-il autoentrepreneur – est pour lui l’archétype de l’homo economicus. Le salariat lui paraît un épisode anecdotique de l’histoire qu’il est temps de remiser pour promouvoir l’idéal-type de l’homme relationnel, indépendant, correspondant à notre société digitale et de communication centrée sur les services. Il défend l’idée d’une culture entrepreneuriale qu’il conviendrait de favoriser. Pourquoi pas ? Est-il vraiment pour cela besoin de gâter son propos en s’attaquant mordicus aux dépenses de l’État (quand elles ne viennent pas soutenir l’entreprise), aux aides et aux droits sociaux ?