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La bienveillance, source de confiance

La chronique | publié le : 07.06.2016 |

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La bienveillance, source de confiance

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Philippe Détrie la maison du management

Une étymologie ambivalente

Depuis le 12e siècle, la bienveillance est un sentiment par lequel on veut du bien à quelqu’un. Top ! Une acception plus récente, toujours selon Le Petit Robert, la définit comme une disposition favorable envers une personne inférieure en âge, en mérite. Spinoza écrit d’ailleurs en 1677 (Éthique) que « la bienveillance est le désir de faire du bien à celui qui nous inspire de la pitié ». Là, ça ne va plus, nous frisons la condescendance. Les quatre synonymes proposés de l’adjectif bienveillant indiquent cette équivoque : débonnaire, favorable, généreux, indulgent.

Aujourd’hui, nombreuses sont les volontés de réhabiliter cette disposition dans son sens premier. Le magazine Psychologie lance en 2011 la Journée de la gentillesse avec un appel à plus de bienveillance. Le néologisme « bienveilleur » pousse sur les terres de quelques paroisses. Le think tank La Fabrique Spinoza adopte le terme en 2014 mais lui préfère ensuite « passeur du bonheur au travail ». On tourne un peu rond.

Laissons le bienveilleur à ses aventures sémantiques et gardons ici le sens originel de la bienveillance : une disposition qui incite à vouloir le bien d’autrui. Nous avons tellement besoin de regards compréhensifs, empathiques, positifs.

Pourquoi valorise-t-on aujourd’hui la bienveillance ?

Le management n’est plus uniquement l’art d’animer une équipe pour atteindre les objectifs attendus, mais aussi de permettre à chacun de progresser. Ces deux objectifs, et particulièrement le deuxième, souvent oublié, se développent dans un climat de respect, de confiance et d’entraide. Le management n’est plus (l’)uniforme : autant de collaborateurs, autant de façons de manager. La difficulté est que le management est loin d’être une science exacte. Le modèle mathématique n’est pas suffisant pour traiter un problème. Dans la vie, on raisonne plus en termes d’adéquation que d’équation. Le savoir-être devient essentiel. Tout est affaire d’attention et d’intuition, et c’est pour cela que prendre en compte la personnalité et la situation de son interlocuteur est déterminant… La bienveillance devient le socle d’une relation chaleureuse. Elle anticipe les attentes de l’autre et y apporte une réponse positive, elle accepte l’erreur ou l’échec, elle élimine l’a priori et le préjugé, elle fait confiance et elle donne confiance.

Le manager bienveillant est attentif et attentionné, le contraire du toxique qui empoisonne ou de l’indifférent qui glisse. Cette sensibilité à comprendre l’autre, à le valoriser, à vouloir le faire progresser est une aspiration aujourd’hui plébiscitée.

Attention danger !

La bienveillance a aussi ses limites. Elle est disposition, elle n’est pas action. La seule bienveillance peut basculer dans la compassion, sorte d’apitoiement dans un partage de douleurs et de souffrances. Ou dans la clémence ou l’indulgence, qui excusent facilement. Ou encore dans la bonté et la gentillesse, trop généreuses voire trop molles dans un univers professionnel de marge brute. La bienveillance est nécessaire mais elle ne suffit pas. Elle fertilise mais ne crée pas la moisson.

Elle doit rester au service de l’exigence et du courage pour atteindre les objectifs. J’ai dû me séparer d’un de mes directeurs, chantre du management bienveillant, parce que ses résultats, ou plutôt son absence de résultats, faisaient plonger notre entreprise. La bienveillance n’exclut pas l’exigence.

La recommandation

Toutes les religions et cultures partagent ce principe d’éthique de réciprocité, dit règle d’or : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse. » La bienveillance est plus positive : « Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent. »