Le CPF est en train de décoller et une partie du marché de la formation semble retrouver des couleurs. Alors qu’en 2015 les entreprises avaient réduit leur budget, faisant souffrir les prestataires.
Quel bilan est-il possible de dresser des deux années de réforme de la formation qui viennent de s’écouler ? Trois indicateurs sont éclairants.
Le compte personnel de formation (CPF) : le nombre de comptes de salariés validés et financés par les Opca sur les quatre premiers mois de l’année 2016 s’élève à 40 000. Ce chiffre était de 50 000 pour l’ensemble de l’année 2015. Le compte personnel de formation décolle donc.
Les prestataires de formation : en 2015, Cegos (plus important prestataire privé en France) a perdu entre 8 % et 9 % de son chiffre d’affaires sur le marché France. Mais, depuis décembre dernier, il enregistre une nette reprise, avec une croissance de son chiffre d’affaires de 6 % à 8 %. Une partie du marché reprend donc après une année très difficile. Même s’il faudra attendre les chiffres définitifs de la Fédération de la formation professionnelle pour avoir une vision plus globale.
Le budget des entreprises : selon le baromètre Défis RH 2016, réalisé par Inergie pour l’ANDRH et Entreprise & Carrières en avril dernier, 21 % des 274 entreprises interrogées déclarent que la réforme a eu comme conséquence de leur faire réduire leurs dépenses de formation, tandis que ce budget est resté stable dans 63 % des cas. Selon le baromètre Cegos, rendu public le 19 mai, ce sont 47 % des entreprises de plus de 2 000 salariés qui ont réduit leur budget. La baisse d’investissement est donc nette dans une frange des entreprises.
Toujours selon le baromètre Défis RH 2016, 39 % des entreprises affirment avoir fait des versements libres à leur Opca cette année (56 % ne l’ont pas fait et ne le feront pas lors du prochain exercice). Il faudra attendre les chiffres consolidés de la collecte des Opca, et notamment la part de versements volontaires, pour avoir un autre éclairage.
Globalement, le bilan chiffré est donc en demi-teinte et évoluera certainement dans les mois qui viennent. Restent les bilans ponctuels dans les entreprises et les ressentis sur cette réforme, qui animent toujours beaucoup les débats. Dans ce dossier, trois responsables formations (Orange, Crédit Agricole Immobilier et Manpower) donnent leur point de vue : ils montrent l’importance de la connexion entre le plan et le CPF et combien les grandes entreprises semblent mieux armées que les PME pour gérer cette question centrale. Par ailleurs, des politiques et des consultants exposent leurs analyses. Tous s’expriment sur l’esprit de la réforme, la fin du 0,9 %, le compte personnel de formation et l’état de santé des prestataires. Une chose est certaine : la réforme est encore en construction.
