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Sur le terrain

Retour sur… L’accompagnement au télétravail de 23 PMI normandes

Sur le terrain | publié le : 17.05.2016 | Mariette Kammerer

En 2015, la CCI Portes de Normandie a aidé 23 PMI à mettre en place le télétravail en leur proposant un diagnostic personnalisé et en leur apportant des outils sur les plans technique, juridique et managérial. La moitié des salariés éligibles vont pouvoir télétravailler cette année.

De janvier 2015 à janvier 2016, la CCI Portes de Normandie a accompagné 23 PME dans la mise en place du télétravail. Ce projet était subventionné par le ministère de l’Économie et ciblait les PME industrielles et de services aux entreprises. Après un an d’accompagnement, sur un effectif de 1 000 salariés, 240 sont éligibles au télétravail et 133 vont signer un avenant dès cette année. « Il y a eu un vrai intérêt et une mise en place rapide, ce qui n’était pas évident au départ pour des activités de production et de services chez le client », souligne Nicolas Tessier, chargé de mission à la délégation d’Alençon de la CCI. 1 344 PME ont été contactées, 122 ont rencontré un consultant et 23 ont souhaité bénéficier de cet accompagnement personnalisé. Une participation financière de 150 à 1 000 euros leur était demandée.

Parmi les entreprises participantes, 39 % pratiquaient déjà le télétravail de manière informelle, et 26 % avaient eu des demandes de salariés allant dans ce sens. « Nous l’avions accordé à un cadre qui devait travailler de chez lui à la suite d’un accident, puis on s’est dit qu’il valait mieux anticiper les demandes des autres salariés », explique Martin-Pierre Rapeaud, Pdg de Manuplast, qui emploie 100 salariés dans la plasturgie.

Les motivations de ces entreprises étaient liées à la qualité de vie au travail et à la volonté de sécuriser leur pratique du télétravail. « En tant que SSII, on le pratique depuis longtemps mais on voulait se border sur le plan juridique », indique François Garnier, DAF d’Alticap, SSII de 140 salariés. Des entreprises avaient eu des réclamations de paiement d’heures supplémentaires de salariés en télétravail et voulaient se protéger contre ce type de contentieux.

L’accompagnement a débuté par un séminaire collectif de sensibilisation des salariés, en vue de lever certaines résistances « liées à l’aspect sécurité, pour les directeurs informatique, et à la peur des bureaux vides, pour les managers », explique Nicolas Tessier. Ensuite, chaque entreprise a bénéficié d’un diagnostic technique, juridique et managérial. Sur le plan technique, il s’agissait d’évaluer le niveau d’équipement informatique et les besoins en matière de sécurisation des données en fonction des outils collaboratifs utilisés.

Modèle de charte

Sur les aspects juridiques, la CCI leur a fourni un modèle de charte et d’avenant au contrat de travail, à adapter à leurs activités. « La pratique du télétravail est inscrite dans le Code du travail depuis 2012 et doit être encadrée et transparente », rappelle le chargé de mission. L’avenant est obligatoire et doit être renouvelé chaque année. Il indique les horaires de travail et le nombre de jours en télétravail. La charte précise notamment les critères d’éligibilité au télétravail : « Nous avons défini des critères objectifs mais aussi subjectifs, comme la capacité à être autonome dans son travail, qui reste à l’appréciation du manager », précise le Pdg de Manuplast. « Le cadre juridique est très souple pour l’employeur, qui peut décider à tout moment d’y mettre fin, ce qui est rassurant », estime le directeur d’Alticap. Sur le plan managérial enfin, les consultants ont souligné les avantages du management par objectifs en cas de télétravail.

Vidéo “mode d’emploi”

Pour conclure l’accompagnement et préparer les salariés intéressés, la CCI a réalisé une vidéo “mode d’emploi” qui, en quelques minutes, présente les bonnes pratiques liées au télétravail : rester connecté, préserver l’esprit d’équipe, organiser des visioconférences, etc.

Parmi les 133 salariés qui doivent passer en télétravail cette année, 41 % sont cadres et 59 % employés. Manuplast a identifié 11 collaborateurs : commerciaux, techniciens de bureau d’étude et managers. « Au-delà de quelques-uns qui habitent loin, d’autres peuvent l’utiliser ponctuellement pour se concentrer sur une tâche et être plus productifs, indique Martin-Pierre Rapeaud. Cela entre dans notre démarche de lean management et de bien-être au travail. C’est un bon outil, qui peut nous rendre plus attractif auprès de profils rares habitant loin. » Plusieurs PME vont le proposer au recrutement, et l’une d’elles veut l’utiliser pour s’implanter commercialement dans un nouveau secteur, avant d’investir dans des locaux. Certaines, enfin, voient le télétravail comme un outil de fidélisation, à défaut de pouvoir augmenter les salaires. Cinq PME accompagnées ont décidé de ne pas poursuivre, n’ayant pas de salariés éligibles ou ne souhaitant pas l’étendre à de nouveaux salariés.

Concernant le nombre de jours autorisés, la quasi-totalité des PME a opté pour deux ou trois jours par mois flexibles, et près de la moitié y ajoute un ou deux jours hebdomadaires fixes. Alticap, où 80 % de la population est éligible au télétravail, n’a pas fixé de maximum : « On l’attribue au cas par cas, nous avons des consultants et commerciaux qui sont en télétravail quatre jours sur cinq, avec beaucoup de déplacements chez les clients », indique le directeur. Après avoir communiqué sur sa nouvelle charte, la SSII a signé trois nouveaux avenants.

Pour la CCI enfin, qui a décidé de poursuivre cet accompagnement au-delà du programme subventionné, l’intérêt de la démarche se situe aussi au niveau du territoire, « pour maintenir l’activité et garder nos talents, même éloignés géographiquement, indique Nicolas Tessier. C’est également l’occasion d’occuper nos nombreux tiers-lieux numériques et nos ateliers industriels partagés ».

Auteur

  • Mariette Kammerer