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Grande-Bretagne : Les entreprises repensent la gestion des retraites

Sur le terrain | International | publié le : 17.05.2016 | Stéphanie Salti

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Grande-Bretagne : Les entreprises repensent la gestion des retraites

Crédit photo Stéphanie Salti

Outre-Manche, c’est déjà l’heure des bilans des récentes réformes des retraites. L’auto-enrolment – adhésion automatique aux fonds de pension d’entreprise – et la pension freedom – qui permet le retrait de l’épargne dès 55 ans – changent la donne pour les employeurs comme pour les salariés.

En vigueur depuis octobre 2012, le dispositif d’adhésion automatique aux fonds de pension d’entreprise (auto-enrolment), qui doit s’achever en février 2018, est déjà un succès pour les salariés : selon le CIPD, association des professionnels RH, deux tiers d’entre eux (66 %) épargnent désormais au travers d’un plan de retraite d’entreprise alors qu’ils n’étaient que 45 % en 2010. Ce taux atteint même 74 % si les salariés percevant moins de 10 000 livres – exclus du dispositif – ne sont pas comptabilisés.

Du côté des entreprises, le bilan est plus contrasté : « Pour les plus grosses d’entre elles, il s’agissait de vérifier que leurs plans d’épargne retraite correspondaient aux nouvelles attentes réglementaires », souligne Charles Cotton, conseiller en rémunération et performance au sein du CIPD. Dans ces entreprises, le dispositif d’adhésion automatique relève maintenant davantage de la responsabilité des ressources humaines que de celle des services financiers. »

Hausse des coûts

Au-delà des ajustements en matière d’organisation, 70 % des entreprises interrogées ont enregistré une hausse significative des coûts à la suite de la mise en place de ce dispositif. Elles ont tenté de la limiter avec une contribution minimale aux fonds d’épargne ou avec la réduction ou la suppression de hausses de salaires ou d’autres éléments de la rémunération. « À l’heure actuelle, le débat concerne l’“adéquation”, c’est-à-dire l’idée que les fonds de pensions d’entreprise soient suffisamment abondés par les employeurs et leurs salariés pour garantir une retraite décente, explique François Barker, associé et responsable des retraites au sein du cabinet d’avocats Eversheds. Car les entreprises doivent s’en assurer. » À compter d’avril 2019, les cotisations minimales devront atteindre 8 % du salaire : l’employeur contribuant à hauteur de 3 %, le salarié à hauteur de 4 % – contre 0,8 % actuellement – et l’État de 1 %.

Ce jeu d’équilibriste déborde aussi sur la réforme des retraites, pension freedom, entrée en vigueur en avril 2015 : cette réforme permet aux retraités, dès l’âge de 55 ans, de retirer à leur discrétion des actifs en cash de leurs fonds de retraite à cotisations définies. Une partie est taxée à hauteur du taux marginal d’imposition, après un abattement fiscal de 25 %. Les salariés n’ont plus l’obligation de contracter des rentes (annuities) comme par le passé, mais ils peuvent investir dans d’autres produits d’épargne. « Les RH doivent jouer subtilement avec le concept de conseil », explique Charles Cotton. Légalement, il est interdit à une entreprise qui n’en possède pas l’agrément de fournir un conseil financier sous peine de lourdes amendes. L’option légale est donc de diriger les salariés vers le service gouvernemental Pension Wise, destiné à informer les futurs retraités de leurs options d’investissement. Une alternative commence néanmoins à germer dans les départements RH sous la forme d’employee financial well-being, ou bien-être financier des salariés : « Au travers de ce concept, l’idée est d’encourager une démarche d’épargne tout au long de la carrière d’un salarié, explique Stephen Budge, responsable des fonds à cotisations définies chez Mercer. Nous espérons qu’avec une approche plus globale en matière de bien-être financier, les salariés accordent aussi plus d’importance à l’épargne-retraite. » Un long chemin reste néanmoins à accomplir.

Dans les médias

PEOPLE MANAGEMENT. Un nombre record de salariés à la recherche d’un nouvel emploi

Selon le baromètre de l’emploi du CIPD, près d’un quart des 2 000 salariés sondés déclarent être à la recherche d’un nouvel emploi outre-Manche, soit une hausse de 20 % comparé à l’automne 2015. Il s’agirait du niveau le plus élevé depuis l’automne 2013, où 24 % des sondés avaient déclaré être à la recherche de nouvelles opportunités professionnelles. Parallèlement, le niveau de satisfaction au travail a largement décliné sur la même période. 6 mai 2016, site de People Management (presse professionnelle).

THE GUARDIAN. Des indemnités pour les syndiqués “blacklistés” du bâtiment

Quelque 250 ouvriers syndiqués dans le bâtiment vont recevoir 10 millions de livres de compensation pour avoir été “blacklistés” par les grosses entreprises de construction outre-Manche. Selon le Guardian, la liste noire utilisée par ces entreprises a conduit des centaines d’ouvriers à perdre leur emploi et à échouer à en trouver un nouveau, sous le prétexte qu’ils semaient le trouble dans l’entreprise. 9 mai 2016. The Guardian, quotidien national généraliste.

Auteur

  • Stéphanie Salti