Les plus sceptiques sur le numérique dans l’entreprise ne sont pas ceux que l’on croit. Selon la dernière enquête* menée par Ipsos pour l’Observatoire social de l’entreprise du Cesi (groupe d’enseignement supérieur et de formation professionnelle), 52 % des salariés considèrent que la mutation numérique est stratégique ou essentielle au sein de leur organisation. Seuls 30 % des chefs d’entreprise, surtout ceux de TPE et de PME, partagent cette opinion.
Plus leur taille est petite, plus les entreprises éprouvent des difficultés à cerner les bénéfices que pourraient leur apporter les outils digitaux : seuls 31 % des entrepreneurs considèrent que la transition numérique constitue une opportunité (70 % dans les entreprises de 250 salariés et plus, contre 28 % dans les organisations de 1 à 9 collaborateurs). Le taux atteint 42 % pour les salariés. Ceux-ci jugent en majorité (59 %) que la digitalisation a eu un impact positif sur leur manière de travailler. « Globalement, cette enquête confirme que les salariés sont favorables à la transition numérique », note Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos.
Néanmoins, ces derniers s’inquiètent un peu plus que les chefs d’entreprise des effets négatifs de l’automatisation sur l’emploi (23 % contre 11 %). De fait, l’immense majorité des employeurs (80 %) pensent que les effectifs vont rester stables. Philippe Lemoine, président de la Fondation Internet Nouvelle Génération, s’en étonne : « Toutes les études américaines et européennes convergent pour dire qu’un emploi sur deux va disparaître ou être profondément transformé dans les quinze ans qui viennent », nuance-t-il. Enfin, pour la moitié des dirigeants de TPE-PME, la transition numérique constitue un simple « phénomène de mode ». « En France, même les grands groupes n’ont pas encore repensé leur business model, leurs processus d’innovation ou les relations avec leurs clients à l’aune du numérique », se désole Philippe Lemoine. De quoi conforter les patrons de TPE-PME dans leur doute ?
* Dixième vague de l’enquête Cesi-Ipsos-Figaro menée en avril 2016 auprès de 404 chefs d’entreprise et 1 000 salariés du secteur privé (téléchargeable sur