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Dialogue social : Digital : la négociation patine chez Orange

La semaine | publié le : 17.05.2016 | Hélène Truffaut

Trois syndicats ont exercé leur droit d’opposition à l’accord sur l’accompagnement de la transformation numérique chez l’opérateur.

C’est une négociation que Bruno Mettling*, ancien DRH d’Orange, espérait voir aboutir au cours du 1er trimestre. Le texte du « premier accord portant sur l’accompagnement de la transformation numérique » chez l’opérateur, daté du 20 avril et signé par la CFDT et FO (39 % des suffrages), a cependant été rejeté par les trois autres organisations syndicales représentatives : CFE-CGC, SUD et CGT (53 %).

Mais une réouverture de la négociation dès le 13 mai a été annoncée par le nouveau directeur exécutif en charge des RH, Jérôme Barré, déterminé à obtenir « un accord qui soit le plus large possible » et qui peut « faire jurisprudence ». Car Orange est précurseur sur ce thème de négociation. Pas simple.

Dans un communiqué du 9 mai notifiant l’exercice de son droit d’opposition avec SUD et la CGT – procédure extrêmement rare dans cette entreprise –, la CFE-CGC dénonce un texte « porteur de trop de dérives aliénantes pour les personnels […] sans que ni la pertinence ni l’efficacité économique des outils et méthodes […] n’aient été démontrées ».

Solutions internes contraignantes.

Le syndicat des cadres souhaitait, entre autres, l’établissement d’un diagnostic sur l’utilisation professionnelle des outils numériques : niveau d’appropriation, besoins exprimés, attentes d’accompagnement. « Les solutions internes sont très contraignantes », argue Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC d’Orange. Qui déplore un manque d’information sur les usages obligatoires ou facultatifs des solutions (notamment du fameux réseau social interne Plazza), les règles à respecter et les éventuelles sanctions encourues.

SUD est, pour sa part, convaincu que l’accord « n’améliorera pas les conditions de travail des salariés et ne les protégera pas des risques psychosociaux induits ». Une problématique également soulevée par la CGT, qui pointe un droit à la déconnexion ne garantissant pas les temps de repos ni de déconnexion. Et dénonce « le flou » potentiellement préjudiciable de certaines dispositions d’un accord qui « n’apporte rien de nouveau par rapport aux dispositions légales et conventionnelles déjà en vigueur ». Les trois OS s’inquiètent enfin de la collecte et de l’exploitation qui pourraient être faites de toutes les données à caractère personnel des salariés transitant par les canaux digitaux.

« La philosophie de l’accord doit être revue en profondeur ; nous ne nous engagerons pas sur des aménagements à la marge », prévient Sébastien Crozier. Et de réclamer des garanties sur le droit à l’erreur dans l’utilisation des outils, une transparence dans la gestion des données. Et « une vraie réflexion sur le temps de travail numérique ». « Le digital est porteur de performance et de productivité, mais l’entreprise doit avoir, en interne, le même niveau d’exigence et de qualité qu’envers ses clients. »

* Auteur du rapport “Transformation numérique et vie au travail”, remis au gouvernement en septembre 2015.

Auteur

  • Hélène Truffaut