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La confiance en soi est une pratique

La chronique | publié le : 17.05.2016 |

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La confiance en soi est une pratique

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Meryem le Saget conseil en entreprise

Certains sont nés avec confiance en eux.

Ils traversent les aléas de la vie avec un calme assuré, persuadés d’être compétents et à la hauteur des événements. D’autres ont un vécu intérieur plus instable, fait de doutes, de questionnements, de hauts et de bas. Comme si la confiance en soi n’arrivait pas à s’agripper durablement à la texture de leur vie. Essayons d’approfondir.

Aujourd’hui, il faut avoir confiance en soi,

c’est une sorte d’impératif moderne. Pour exister au milieu des autres, prendre sa place, réussir sa vie. Malheureusement, ce n’est pas une qualité qu’on achète. L’éducation joue un rôle, bien sûr. Certains environnements familiaux soutiennent la construction de l’image de soi alors que d’autres minimisent la valeur intrinsèque de l’enfant. Encore de nos jours, les petites filles sont souvent moins valorisées que leurs petits frères. Mais dépassons ces généralités, car l’histoire personnelle ne fait pas tout, il y a plus subtil.

Nous vivons dans une société

qui a tendance à confondre confiance en soi et compétences. Récemment, un article de la Harvard Business Review repris par Le Figaro Madame a fait beaucoup de bruit*. L’auteur y révèle que l’on nomme plus facilement leaders ceux qui semblent sûrs d’eux ou savent se vendre. Puisqu’ils arborent cette certitude, on suppose qu’ils sont compétents. Intéressant glissement. Comparativement, une personne authentique, qui ne martèle pas de certitudes, mais qui transmet une vision et fait chaque jour avancer le collectif, sera perçue comme plus vulnérable, moins appropriée. On aime les “chefs de guerre” sans savoir discerner les compétences réellement requises pour faire grandir un groupe et le conduire vers le succès.

Nos conceptions sur la confiance en soi

seraient-elles vraiment à redéfinir ? Effectivement, depuis que l’homme s’est séparé de la nature, pensant ainsi mieux la maîtriser, la pensée rationnelle dominante est devenue “j’impose, j’ai raison, je sais”. On a perdu la sensibilité, la réceptivité, l’absence de réponse toute faite qui permettaient à nos anciens un dialogue ouvert avec l’environnement, et par saine coconstruction, une réponse adaptée aux défis du quotidien. Ne serait-ce pas le temps de recouvrer ce talent d’origine, présent à la source de notre “humanité” ? L’esprit start-up, les méthodes agiles contribuent peut-être à rouvrir cette voie délaissée par un excès de modernité : de nouveau, on teste, on expérimente pour obtenir des boucles de feed-back rapides, on se met à l’écoute, en dialogue ouvert avec la réalité.

Finissons-en avec l’idée

que la confiance en soi est un atout que l’on peut posséder, comme s’il s’agissait d’un trait de caractère. Cette façon de penser est un vrai piège, car il nous manque toujours quelque chose. Au lieu d’une qualité définie, considérons la confiance comme une pratique. Dans ce cas, sa mesure n’est pas la sérénité intérieure ou la solidité que l’on peut ressentir, mais plutôt les actions que l’on parvient à mener en terrain incertain. Le contraire de la confiance en soi n’est plus le doute ou l’appréhension, c’est l’inertie : rester inhibé, figé comme le lapin qui a pris les phares en pleine face ; attendre que la solution vienne des autres ou que les événements nous tirent d’affaire. Alors que toute personne qui continue de faire avancer les choses, qui fait face à sa manière, en restant ouverte malgré l’inconfort, démontre en fait une grande confiance intérieure, celle dont la construction de notre avenir a besoin.

* “On sait enfin pourquoi il y a tant d’incompétents au pouvoir”, Mylène Bertaux, Figaro Madame, 15 décembre. 2015, à propos de l’article de Tomas Chamorro-Premuzic, Harvard Business Review 22 août 2013.