logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Chronique

Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chronique | publié le : 17.05.2016 | Denis Monneuse

Image

Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

L’optimisme a ses limites que la raison ne connaît pas

Les âmes sensibles peuvent s’abstenir et passer leur chemin. Si vous vous répétez en boucle, comme Dany Boon, « Je vais bien, tout va bien », en espérant que la méthode Coué et que la “positive attitude” fassent leur effet, la suite de cet article risque de vous déprimer. Car la réalité est bien plus compliquée.

Elizabeth Tenney, Jennifer Logg et Don Moore, des universités d’Utah et de Berkeley, ont voulu vérifier la croyance populaire selon laquelle notre optimisme quant à nos chances de réussite nous permettrait de nous dépasser, donc de réaliser cette tâche, aussi difficile soit-elle. Ils ont alors conduit cinq expériences différentes avant de se prononcer. Malheureusement pour les optimistes béats, leurs conclusions risquent d’être ressenties comme une douche froide, car les chercheurs estiment en fin de compte que nous sommes bien trop optimistes sur la capacité de l’optimisme de nous aider à nous dépasser.

Dans une première expérience, les chercheurs ont demandé aux participants si le fait d’être optimiste quant à sa réussite était un atout avant d’accomplir une tâche. Comme on pouvait s’y attendre, les participants ont majoritairement répondu positivement. Or l’expérience consistant en des exercices de mathématiques leur a donné tort : les optimistes n’ont pas obtenu de meilleurs résultats que ceux qui pensaient avoir peu de chances de réussir.

Une autre expérience consistait à chercher Charlie (vous savez, le petit monsieur brun avec des lunettes et un bonnet rayé rouge et blanc) caché dans une image. Les optimistes quant à leur capacité à le trouver ont cherché 20 % plus longtemps que les autres participants, mais ils se sont montrés à peine plus efficaces que les autres pour le trouver, alors que les participants avaient prédit que les optimistes avaient un tiers de chances supplémentaires de succès à ce jeu.

Enfin, une expérience encore différente mélangeait l’optimisme avec d’autres qualités personnelles. Les participants devaient prédire la capacité d’autres personnes à résoudre des tâches en fonction de leur profil psychologique. Les participants ont globalement su repérer les principales qualités nécessaires pour réussir. Cependant, une fois de plus, ils ont eu tendance à surestimer largement l’importance de l’optimisme comme facteur clé de succès.

La portée de l’étude d’Elizabeth Tenney et de ses collègues ne permet pas de juger l’influence de l’optimisme en toute situation. Il ne s’agit donc pas de conclure ici que l’optimisme est un trait à bannir à tout jamais de notre vie pour être performant au travail, mais de prendre conscience que croire en ses chances de réussite face à une tâche est un atout limité, bien plus faible que ce que nous avons l’habitude de croire.

Autrement dit, le fait d’être positif joue très peu par rapport aux compétences requises pour résoudre une épreuve. Adopter la “positive attitude” peut même se révéler un leurre, notamment une façon de se voiler la face. Cela peut aussi conduire à faire preuve d’un excès de confiance en ses capacités. Bref, il faut se résoudre au principe de réalité : l’optimisme pousse à la persévérance mais ne permet pas de déplacer des montagnes.

Auteur

  • Denis Monneuse