Le dialogue social, qui semble hérité de l’esprit d’ouverture des Lumières et de la liberté démocratique française, peine paradoxalement au pays de Voltaire et de Rousseau. Dans le champ de l’entreprise, patrons et salariés ont des difficultés à évoluer vers des solutions consensuelles. Ils paraissent crispés d’avance sur des positions défensives. À quoi bon parler quand on est opposé au camp adverse par principe ? À quoi bon penser ? Selon l’auteur, historien et anthropologue, spécialiste de l’histoire des entreprises françaises, l’Institut de l’entreprise, créé en 1975, échappe à cette stérilité intellectuelle du milieu patronal. Il s’est ingénié, au contraire, à susciter et à proposer une réelle pensée de l’entreprise, dont l’ambition est d’éclairer les choix stratégiques des directions.

Cette pensée collective veut excéder le champ du lobbying. Elle tente de comprendre l’articulation de l’entreprise avec son environnement au sens large : économie, société, culture. À son actif, notamment, l’élaboration de la théorie du management participatif et une réflexion approfondie sur la mondialisation et les stratégies les plus opportunes face à un phénomène qui semble inéluctable. L’intérêt ici n’est pas tant de servir de panégyrique à une chapelle, fut-elle la plus progressiste, que de permettre de mieux appréhender le travail de l’histoire à travers un discours patronal, qui semble souvent hérité d’un passé immémorial et accroché aux vieilles lunes d’un pouvoir autocratique.