logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’enquête

SNCF Réseau : Les défis managériaux de la digitalisation

L’enquête | publié le : 10.05.2016 | N. L.

Le gestionnaire du réseau ferroviaire s’appuie sur le digital pour moderniser plus vite son réseau. Une accélération indispensable après plusieurs accidents. Ce qui implique un gros travail RH d’accompagnement des managers de proximité.

Après l’accident de Brétigny-sur-Orge (91) en juillet 2013, qui avait provoqué la mort de sept personnes, le groupe SNCF a lancé en octobre suivant le plan Vigirail, comportant un lourd programme de renouvellement des aiguillages, ainsi qu’un important volet digital. Les personnels de maintenance sont progressivement équipés de tablettes numériques, à usage personnel et professionnel.

« Avec leurs nouveaux outils, près de 14 000 agents sur 25 000 peuvent d’ores et déjà prendre des photos et saisir directement les informations sur l’état réel de la quarantaine de composants présents sur les installations, précise Claude Solard, directeur général délégué sécurité, innovation et performance industrielle de SNCF Réseau. Cela permet de transmettre les signalements en temps réel et d’améliorer leur traitement. Cela favorise également les échanges de pratiques entre agents et donc la résolution des dysfonctionnements. »

Vecteur de communication

L’encadrement a fait d’emblée l’objet d’une attention particulière, puisque tous les managers de la maintenance sont équipés de tablettes et que les autres métiers, notamment pour la partie travaux, vont progressivement l’être. « Nous souhaitons promouvoir les outils numériques comme des vecteurs de communication des managers entre eux et avec leurs équipes », ajoute Claude Solard.

Mais ces innovations technologiques impliquent de faire émerger de nouvelles pratiques managériales. « Les collaborateurs ont désormais un large accès à des informations jusque-là réservées à leur encadrement, ce qui réinterroge le rôle des managers de proximité, analyse Bénédicte Tilloy, DGRH de SNCF Réseau. D’autant plus que les attentes des jeunes salariés à l’égard de leur hiérarchie ont fortement évolué. » D’où l’accent mis sur les formations managériales, avec un double objectif : faire cohabiter la culture digitale et celle de la sécurité, renforcée depuis les derniers accidents ferroviaires. « Nous devons délaisser l’approche traditionnelle command & control et introduire davantage de collaboration, explique la DGRH. Avec une réflexion à mener sur ce que peut être le droit à l’innovation et le droit à l’erreur dans une organisation focalisée sur la sécurité. » Un nouveau programme de formation est en cours d’élaboration.

Autre piste d’action pour la fonction ressources humaines : la reconfiguration de la fiche de poste du manager de proximité. Après le déraillement du train d’essai sur la LGV Est européenne, le 14 novembre dernier, qui avait fait 11 morts, Jacques Rapoport, alors président de SNCF Réseau, a exigé que les managers puissent aller davantage sur le terrain et consacrent au moins la moitié de leur temps à des missions d’encadrement. « Il nous faut donc revoir la façon dont les fonctions transverses sollicitent les managers, précise Bénédicte Tilloy. Parallèlement, il faut identifier les tâches qui peuvent être simplifiées, voire numérisées, et les interfaces des différentes applications qui peuvent être reliées, pour éviter aux managers de re-saisir les données. »

Imaginer et tester

Pour corriger les dysfonctionnements constatés, plusieurs groupes de managers commencent à imaginer et à tester de nouvelles manières de faire, dans des établissements laboratoires : pas de schéma directeur ni de déploiement planifié par phase, mais des questionnements pragmatiques avec des groupes utilisateurs et les services techniques, par exemple pour généraliser l’accès au haut débit dans toutes les entités.

Enfin, à l’initiative de la DGRH, plusieurs managers et représentants du personnel planchent depuis quelques semaines sur leurs nouveaux rôles respectifs et sur les formes de régulation envisageables, dans une organisation plus plate, plus digitale, plus collaborative. Une réflexion qui se déroule dans le cadre d’un laboratoire avec Sciences Po et cinq autres entreprises : une vingtaine de salariés du groupe SNCF y participe, la moitié sont élus et représentants syndicaux, l’autre moitié sont des managers.

Repères

Activité

Gestion du réseau ferroviaire français.

Effectif

54 000 collaborateurs.

Chiffre d’affaires 2015

6,5 milliards d’euros.

Auteur

  • N. L.