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Sur le terrain

Prévention : Flabeg objective la pénibilité

Sur le terrain | publié le : 26.04.2016 | Mathieu Noyer

Le sous-traitant automobile s’est attaché à analyser les facteurs de pénibilité avec précision, en combinant les données informatiques et l’observation du terrain, vidéos à l’appui. Les salariés disposent ainsi d’une information concrète, complète et neutre.

En bonne élève qu’est une entreprise alsacienne, de surcroît filiale d’un groupe allemand, la société Flabeg France s’était engagée sans tarder dans la mise en œuvre de la loi sur la pénibilité au travail. Et finalement, elle ne le regrette pas. « Nous avons dû nous adapter à la donne changeante – par exemple, la modification des seuils d’exposition par décret. Mais, sur le fond, l’exercice nous a dotés d’un outil de mesure fiable et transparent. Il nous sert pour les quatre critères de la première phase de la loi et nous facilite la tâche à présent que nous abordons la mesure des six autres, en particulier le bruit », expose Olivier Fahd, DRH.

L’usine de miroirs pour l’automobile, qui compte 150 salariés dans la commune de Sarrewerden (67), a marié technologie et bon sens. « La base de données mise au point courant 2015 s’appuie sur notre progiciel ERP. Mais son contenu vient de l’observation précise des postes au quotidien », souligne Patrick Klein, responsable sécurité-environnement.

Dès qu’un petit doute est apparu sur la potentielle pénibilité d’un poste, les équipes de Flabeg l’ont filmé en détail. Dix-sept vidéos de « décorticage » ont été produites. Elles n’ont concerné que le critère du travail répétitif : Flabeg France n’a pas d’équipe dédiée de nuit, et le travail en équipes successives alternantes a pu être mesuré aisément, grâce aux informations sur les temps de travail par personne et par ligne de production disponibles dans l’ERP. Le film a par exemple comptabilisé 36 opérations en une minute sur un poste donné, soit six de plus que le plafond du décret.

Polyvalence

L’autre défi, souvent considéré comme trop complexe, consistait à prendre en compte la polyvalence. L’entreprise l’a résolu en se basant sur la feuille de journée de chaque salarié, document par lequel chaque opérateur retrace l’activité de sa journée, dont le type de poste occupé et le temps qu’il y a passé. « Cela permet de consigner les informations entre l’entrée et la sortie de poste. Un logiciel informatique a été créé pour les traiter », complète Olivier Fahd.

Information des IRP et du personnel

Au final, l’ERP interne a pu compiler le nombre des salariés concernés (en l’occurrence 35 pour un travail répétitif de plus de 900 heures, et 41 pour le critère du travail en équipe) et le nombre de points correspondant dans le compte pénibilité. Les résultats 2015 ont été présentés à la délégation unique du personnel en janvier dernier, puis au CHSCT courant mars. « Les IRP ont été tenues au courant en temps voulu et les messages ont été délivrés à tout le personnel, de façon à donner à tous le même niveau d’information et de compréhension », salue Anthony Spielmann, représentant du personnel, et par ailleurs technicien sécurité.

Cette analyse en détail débouche sur un plan d’actions, mais l’entreprise reconnaît qu’il ne va pas bouleverser la réalité des ateliers. « Nous pouvons améliorer l’ergonomie, mais agir sur la répétitivité est bien plus difficile, sauf à automatiser avec un impact social possible. Nous avons des cadences à respecter pour rester compétitifs face à la concurrence », relate Olivier Fahd.

Grâce à la base de données, les salariés ont pu constater que moins de la moitié d’entre eux (39 %) étaient exposés à la pénibilité telle que définie à ce jour par la réglementation. « Nous avons donc pu expliquer en toute objectivité que nous renoncerions pour l’instant à conclure un accord d’entreprise. Mais il le sera d’ici à 2018, puisque nous dépassons déjà le nouveau plafond de 25 % des effectifs concernés. Et ce texte sera complet, dans la mesure où les 10 critères de pénibilité auront été analysés », indique Olivier Fahd.

Auteur

  • Mathieu Noyer