« Depuis que les contrats aidés existent, nous y avons recours : les emplois d’avenir et le CUI-CAE aujourd’hui, et auparavant les contrats emploi-solidarité et consolidés. Ils constituent un mode de sourcing et d’intégration qui illustre notre engagement au sein de l’économie sociale et solidaire », déclare Didier Rembert, directeur général adjoint en charge des RH, achats et SI de VVF Villages. Le leader associatif (loi 1901) du tourisme en France, dont le siège est situé dans la zone franche de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), a pour credo de travailler sur la diversité et l’accès à l’emploi de personnes peu employables. « Lorsque nous n’avions pas encore d’animateurs saisonniers professionnalisés pour adultes, poursuit le directeur, les contrats aidés nous ont permis de rencontrer des personnes sans emploi ne relevant pas du secteur du tourisme, que nous avons formées et insérées durablement. »

VVF Villages s’est donc naturellement positionné sur les emplois d’avenir créés en 2012 et destinés aux 16-25 ans en recherche d’emploi (30 ans pour les handicapés), pas ou peu qualifiés, et jusqu’à un niveau bac + 3 pour les habitants de zone urbaine sensible (ZUS) notamment. Le jeune perçoit un salaire tout en étant accompagné par le référent de sa mission locale (ou de Cap emploi), prescriptrice des emplois d’avenir, et par un tuteur chez son employeur. En contrepartie, celui-ci bénéficie, dans le secteur non marchand auquel appartient VVF, d’une aide de l’État de 75 % d’un smic brut pendant trois ans. « L’emploi d’avenir est plus précis et uniforme en termes d’aide financière que les autres contrats aidés, c’est ce qui le rend plus attractif », souligne le directeur.

Agent de réservation sur le plateau d’appels de VVF Villages, webdesigner, agent administratif au siège, collaborateur polyvalent, ouvrier d’entretien ou commis de cuisine dans l’un des 85 villages du groupe, les emplois d’avenir sont présents dans tous les services de l’association. Depuis 2012, VVF Villages en a recruté 260 et en compte 140 actuellement, dont Nelly Esposto (24 ans), gestionnaire paie après un an et demi de chômage et malgré un BTS informatique. « Nous transmettons notre besoin ciblé aux missions locales, avec pour consigne de sélectionner des jeunes motivés par le tourisme et les loisirs », souligne Carine Gaffory, directrice Développement de VVF Formation.

Les jeunes ont un niveau de fin de 3^e en échec scolaire, à bac+ 2 ou + 3 en réorientation. « Nous les recrutons en CDD pour un an renouvelable trois fois, ou pour trois ans dès le début », indique Carine Gaffory, qui a dû s’adapter à « une hétérogénéité d’interprétation de la réglementation des emplois d’avenir d’une mission locale à l’autre », en ce qui concerne le niveau ou la durée de chômage des jeunes éligibles et la durée du contrat. « Le challenge consiste à les mener à un premier niveau d’employabilité interne et externe. Trois ans, assortis de formations avec l’aide de notre Opca, Uniformation, c’est un minimum », dit-elle. Elle estime qu’à l’issue de ces trois années, plus de la moitié des jeunes pourront enchaîner avec un CDI ou un poste de saisonnier titulaire.

La première année, les jeunes bénéficient de formations courtes pour pouvoir accomplir leur mission (entretien d’une piscine, formation au logiciel de paie…). Au bout d’un an et demi, certains sont inscrits dans des cursus qualifiants. Le taux de rupture, qui était de 50 % au départ, est tombé à moins de 20 %. Pour Didier Rembert, cela s’explique notamment par « une appropriation du dispositif en interne et une amélioration de la phase d’intégration ». Celle-ci s’appuie sur deux dispositifs mis en place avec l’aide d’Uniformation et des missions locales : la préparation opérationnelle à l’emploi (POE) et les périodes de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP).

Le directeur reconnaît aux emplois d’avenir trois qualités : « L’aide de l’État d’une durée de trois ans, la formation internalisée et sur mesure et la présence permanente du salarié, à la différence des contrats en alternance. » Il mise sur la pérennité de ce dispositif dénonçant « les effets de “stop and go” des politiques publiques d’emploi désastreux pour les employeurs ». Sera-t-il entendu par les parlementaires qui examinent le projet de loi Travail ? La commission des Affaires sociales a en effet adopté le 7 avril un amendement proposant de prolonger les emplois d’avenir à l’issue des trois ans, en maintenant une aide financière dégressive pendant deux ans.

Activité

Tourisme social et familial.

Effectif

2 500 salariés en équivalent temps plein en pleine saison.

Chiffre d’affaires 2015

73 millions d’euros.