logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Retour sur… Le mécénat de compétences “seniors” d’Orange

Sur le terrain | publié le : 19.04.2016 | M. K.

Depuis 2009, Orange propose à ses salariés proches de la retraite de mettre leurs compétences à disposition d’associations dans le cadre d’un temps partiel seniors. Très apprécié, le dispositif a déjà fait plus de 1 400 adeptes.

Gilles Schirrecker travaille à Orange depuis 1978. À deux ans de la retraite, il a choisi de mettre ses compétences au service des Restos du cœur : « Ma mission est de développer le réseau des donateurs et d’organiser la collecte en lien avec les bénévoles, explique-t-il. Cette utilité sociale correspond à ce que je recherchais, et mobilise mon expérience de commercial. »

Comme lui, plus de 1 400 salariés d’Orange ont saisi l’opportunité de terminer leur carrière par deux ou trois ans de travail dans une association de leur choix.

Cette possibilité est ouverte à tous les collaborateurs depuis 2009 dans le cadre du dispositif de temps partiel seniors. « Nous sommes la seule entreprise à développer aussi largement le mécénat de compétences », souligne Christine Petit, directrice des services RH partagés du groupe. Cette démarche de mise à disposition gracieuse de salariés répondait à plusieurs objectifs : « Faciliter la transition vers la retraite, prendre en compte l’engagement associatif des salariés, et valoriser notre image d’employeur responsable. » Dans un contexte de départs massifs à la retraite – 30 000 entre 2012 et 2020 – les dispositifs permettant d’alléger les fins de carrière sont très appréciés des salariés comme des syndicats.

250 associations agréées

La Fondation Orange, qui gère le dispositif et anime le réseau, a agréé 250 associations, toutes proposées par des salariés. Pour être éligibles, elles doivent œuvrer dans les domaines de la solidarité et du lien social, avoir vingt ans d’existence et être reconnues d’utilité publique. Cette dernière condition ouvre droit, pour l’entreprise mécène, à une réduction d’impôt correspondant à 60 % des salaires bruts chargés engagés. Les associations qui ont accueilli le plus de salariés d’Orange, soit 200 chacune, sont Orange solidarité, la Croix-Rouge française, le Secours populaire français et les Restos du cœur. Dans le domaine de l’insertion, on trouve aussi les missions locales, les Écoles de la 2e chance, la Fondation Agir contre l’exclusion ou IMS-Entreprendre pour la cité.

« Une fois agréées, les associations peuvent nous proposer des missions que nous validons et publions sur notre intranet à destination des salariés », indique Brigitte Audy, secrétaire générale de la fondation. Les missions portent sur des projets de numérisation et de développement web, des travaux de gestion, communication, ressources humaines, d’encadrement des bénévoles, entre autres. « Les compétences numériques et informatiques sont les plus recherchées, mais le mécénat est accessible à tous les métiers. Il faut surtout une envie », souligne Christine Petit. À l’ouverture du dispositif, les cadres ont été les plus nombreux (60 %) à se lancer, puis les profils se sont diversifiés.

Françoise Belle, ex-chef de projet chez Orange, est ravie de son expérience à la fédération Sésame autisme, où ses compétences étaient attendues pour réorganiser toute la gestion, relancer la communication et trouver des partenaires. « Dans ce monde que je ne connaissais pas, j’ai apporté une expertise et un regard différent, rapporte-t-elle. C’est une formule gagnant-gagnant qui me donne des perspectives pour la retraite. » Arrivée en fin de mission, elle souhaite en effet continuer à s’investir bénévolement dans cette association. Aux Restos du cœur aussi, Gilles Schirrecker travaille avec un ex-salarié d’Orange resté actif dans l’association après son mécénat. « De nombreux salariés font ce choix, observe Brigitte Audy, preuve que cette formule est une bonne transition vers la retraite. » Et une vraie aubaine pour les associations.

Orange également y trouve son compte. « C’est bénéfique pour notre image employeur à l’extérieur et aussi en interne, car les retours des salariés sont positifs et ça compte dans leur attachement aux valeurs de l’entreprise », souligne Christine Petit.

Un dispositif à la carte

Le temps partiel seniors (TPS) est encadré par un accord de 2009, renouvelé deux fois. Le collaborateur choisit entre différentes formules, étalées sur trois ou cinq ans avant le départ en retraite, et toutes compatibles avec le mécénat de compétences : soit deux ans de travail à 60 % et trois ans de congé de fin de carrière rémunéré à 75 % ; soit un an de travail à mi-temps rémunéré à 65 % puis deux ans de congé ; soit deux ans de travail à mi-temps puis un an de congé. Une dernière formule, réservée au mécénat de compétences, prévoit trois ans de travail à mi-temps dans une association rémunérés à 80 %. « Cette formule incitative a été ajoutée dans le 2e accord en 2012 », précise Christine Petit, responsable RH. Dans tous les cas, le collaborateur utilise son compte épargne-temps et bénéficie d’un abondement spécifique. « Les collaborateurs sont informés du dispositif TPS lors de l’entretien Cap seniors, à 55 ans, par les conseillers RH Orange avenir, qui les accompagnent tout au long de leur carrière », ajoute la responsable RH. Une fois dans l’association, après la signature d’une convention de mécénat, le salarié est en contact avec un « délégué mécénat » présent dans chaque région, et garde un lien avec son RH de proximité, qui valide par exemple ses demandes de congé.

Auteur

  • M. K.