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Sur le terrain

Risques psychosociaux : La prévention du stress, enjeu des Casinos Joa

Sur le terrain | publié le : 12.04.2016 | Pierre Tiessen

Des formations et des équipements adaptés permettent aux salariés du groupe Joa de mieux résister au stress généré par leurs métiers.

Le groupe Joa, troisième opérateur français de casinos, est un petit empire qui génère 200 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel et emploie quelque 1 500 personnes réparties dans 22 établissements. « Le tout est supervisé depuis Lyon, au sein du GIE du groupe », précise Joëlle Arrégle-Jaubert, DRH. Une organisation éclatée, confrontée au stress à tous les niveaux de la hiérarchie. « Même si l’accidentologie de nos métiers est faible – avec un taux de fréquence estimé à 14,7 –, il y a de nombreuses zones d’inconfort liées à la peur des braquages, à l’incivilité de certains clients, au bruit des machines, aux risques de chutes et au travail de nuit », reconnaît-elle. Des « particularités » du secteur qui augmentent les risques. « Ce stress peut avoir des conséquences graves en termes RH, admet Joëlle Arrégle-Jaubert. J’en ai fait une priorité dès mon arrivée au sein du groupe, en 2012. Nous avons alors décidé de proposer à trois collaborateurs du service des affaires sociales et juridiques de suivre un stage de préventeur d’entreprise. » Une formation-action en présentiel de onze jours, assurée par la Carsat Rhône-Alpes, a été étalée sur une dizaine de mois en 2014 et 2015. « Il s’agit d’une formation interentreprises, précise Isabelle Pin-Claret, chargée de la formation à la direction des risques professionnels de la Carsat. Les participants sont des personnes ressources sélectionnées pour leur aptitude, à l’issue de la formation, à travailler avec les autres acteurs clés de l’entreprise, comme le CHSCT, les services de santé et bien évidemment la direction. »

Une phase d’apprentissage

Pour Bruno Rocher, responsable des affaires sociales et juridiques de Joa, bénéficiaire de la formation, « il s’agit d’une phase d’apprentissage et de benchmark sur les questions des AT-MP qu’il est nécessaire de faire partager au plus grand nombre. Il faut éviter que la formation de préventeur d’entreprise n’apparaisse en interne comme un outil RH supplémentaire ». Cet ancien cadre du Club Med fait le tour des établissements « pour établir des diagnostics, mener des actions de partage par des réunions d’équipes et favoriser les réflexes des managers sur l’anticipation et la gestion des conflits ».

Une charte du savoir-jouer

Le document unique d’évaluation des risques professionnels a par ailleurs été réécrit et « explique mieux désormais l’esprit de la législation en vigueur. Il détaille les équipements spécifiques permettant d’y répondre », relève Bruno Rocher : il s’agit notamment de bouchons d’oreille pour les collaborateurs placés aux postes de comptage, de gants en latex, de lunettes de protection… « Nous avons également procédé au déplacement de salles de repos situées jusqu’alors en sous-sol, ajoute-t-il. Nous avons aussi établi une charte du savoir-jouer pour notre clientèle, et réfléchissons à une nouvelle organisation permettant de remonter et d’analyser plus efficacement les incidents. » Ses équipes ont par ailleurs formalisé un outil d’information sur les comportements, que chaque membre du personnel doit adopter en cas de braquage. La suite ? « Nous avons identifié plusieurs formations nécessaires, dont l’une porte sur les gestes et postures », poursuit-il. Celles-ci concerneraient notamment les croupiers, qui passent leur temps de travail assis, le buste penché.

« Nous souhaitons impliquer sur ces problématiques l’ensemble des collaborateurs, mais aussi la direction de chaque établissement » conclut-il. Une approche volontairement « participative » donc. « L’un des rôles du préventeur est justement de relayer l’information au plus grand nombre et de permettre aux dirigeants de prendre les mesures de prévention de manière éclairée », souligne Isabelle Pin-Claret. Une démarche progressive dans le cas de Joa. « Nous avons encore beaucoup de choses à entreprendre, mais cela permet une prise de conscience collective au sein de l’entreprise », se réjouit Joëlle Arrégle-Jaubert.

Auteur

  • Pierre Tiessen