logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Chronique

Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chronique | publié le : 12.04.2016 | Mathieu Noyer

Image

Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Mathieu Noyer

Écouter sa voix pour suivre sa voie

Le patron d’une PME m’avait expliqué un jour que son sens de l’humanisme lui coûtait cher, si bien qu’il se demandait s’il n’allait pas y mettre fin. Concrètement, il avait eu l’idée de mettre en place un séminaire d’intégration original pour ses nouveaux collaborateurs. Il s’agissait davantage d’un séminaire de développement personnel que d’un symposium classique, au cours duquel chacun écoute poliment les dirigeants exposer les valeurs de l’entreprise et expliquer leur stratégie.

Le souci était qu’au bout du processus d’intégration, de nombreux nouveaux collaborateurs donnaient leur démission parce qu’ils se rendaient compte qu’ils avaient fait fausse route jusqu’ici dans leurs choix professionnels : ils ne s’étaient pas assez écoutés, ils souhaitaient désormais exercer un métier plus en lien avec leur vocation. Ils remerciaient donc chaleureusement le patron de cette PME pour ce séminaire qui leur avait ouvert les yeux, tandis que ce dernier faisait les comptes sur ce que lui coûtait son processus de recrutement et d’intégration par rapport au relativement faible nombre de candidats qui restaient durablement dans l’entreprise.

Michele Gazica et Paul Spector, chercheurs à l’université de Floride du Sud, se sont justement penchés sur les conséquences des vocations suivies ou au contraire mises de côté. Ils ont fait passer un questionnaire à plus d’une centaine de participants pour leur demander s’ils avaient le sentiment d’avoir une vocation et, si oui, s’ils l’avaient suivie. Ils se sont alors rendu compte que les plus motivés et satisfaits au travail, mais aussi dans la vie en général, étaient ceux qui avaient satisfait leur vocation. Jusqu’ici, rien de surprenant. Mieux vaut, pour un employeur, embaucher par exemple un aide-soignant qui se sent appelé à exercer ce métier plutôt qu’une personne qui aurait choisi cette voie uniquement pour échapper au chômage.

Plus intéressant, les auteurs ont observé qu’il vaut mieux ne pas avoir de vocation du tout plutôt qu’une vocation non réalisée. En effet, dans ce dernier cas, les personnes se distinguent par rapport aux autres par de moins bons résultats en matière de santé physique et mentale. Ils sont aussi moins engagés au travail et moins satisfaits de leur vie. Le regret de ne pas avoir tenté sa chance, de ne pas avoir osé sauter le pas pèse sur le moral. Autrement dit, si tu ne vas pas à ta vocation, ta vocation se rappellera à toi !

Pour revenir à notre patron de PME, il pourra se consoler en se disant que, si les collaborateurs qu’il avait embauchés étaient restés en poste en dépit d’une vocation contrariée, ils n’auraient pas été au maximum de leur bien-être ni de leur engagement au travail.

Les résultats de cette étude confirment en tout cas l’intérêt des tests psychologiques parfois menés en amont du recrutement. Il faudrait toutefois conduire des études complémentaires pour déterminer si ce genre d’épreuves permet réellement de vérifier la vocation des candidats pour le métier auquel ils postulent, s’ils n’ont aucune vocation particulière ou bien alors, une tout autre vocation pour laquelle ils sont plus ou moins volontairement passés à côté.

Quant à vous, chers lecteurs, si vous n’êtes guère motivés au travail et peu satisfaits de la vie en général, il ne vous reste plus qu’à déterminer si cette situation provient d’un patron qui vous démotive ou bien d’une vocation que vous avez délaissée !

Auteur

  • Mathieu Noyer