Héros des temps modernes, les entrepreneurs visionnaires, leaders, fournisseurs d’emploi, innovateurs… détiendraient aussi les clés de la croissance donc de l’avenir. L’entreprise devient la structure sociale sur laquelle repose toute la société. La plupart d’entre nous, pourtant, pour avoir vu les choses du dedans, sont pour le moins scindés entre leur expérience de salarié et les espoirs glorieux que toute une société place dans les organisations. L’auteur, pseudonyme d’un cadre dirigeant d’une grande entreprise française, déconstruit le mythe et soulage sensiblement notre abord schizophrénique du travail.

Dans la réalité, le travail est en effet loin d’être toujours un espace d’épanouissement, voire simplement d’expression des compétences. L’autre, auquel on se heurte sans cesse, n’est pas le frère humain de l’idéal chrétien ni même le compagnon avec lequel on fait équipe, ni le collaborateur du travail supposé collaboratif, mais un collègue d’autant plus mal embouché qu’il est lui-même soumis au stress, au rendement ou à des objectifs contradictoires. En outre, il lorgne parfois sur nos prérogatives dont il aimerait garnir son propre profil dans l’intérêt de sa carrière. Sans compter les consultants, qui semblent se faire rétribuer en raison directe des perspectives de productivité fumeuses et intenables qu’ils proposent aux entreprises. Ce journal de bord d’un manager désabusé soulage de tout ce qu’on ne peut exprimer au bureau.