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L’enquête

Donner du pouvoir aux collaborateurs

L’enquête | publié le : 05.04.2016 | H. T.

L’entreprise s’efforce de trouver les bons ressorts émotionnels pour favoriser l’engagement, en misant aussi sur la responsabilisation et la contribution de ses salariés au nouveau plan stratégique.

« Nous avons participé pour la première fois à l’évaluation Great Place to Work en 2011. Et nous nous sommes pris une claque, se souvient Christophe de Lagoutine, DRH de Labeyrie. Mais cela nous a fait du bien. » Le spécialiste du foie gras et du saumon fumé (basé dans les Landes) s’appuie en effet sur cet outil de mesure de la satisfaction au travail, qui lui permet de se benchmarker, pour corriger ses éventuels points faibles et progresser dans le classement. « Nous avons, entre autres, travaillé avec les directeurs d’usine pour y développer la convivialité qui faisait défaut. Et cela peut passer par des choses aussi simple qu’une galette des rois partagée au sein d’un atelier », illustre-t-il.

Mais pour le DRH, l’engagement, c’est autre chose. Si le prestige de la marque peut jouer sur la fierté d’appartenance, cela ne suffit pas. Non plus qu’une enquête annuelle de satisfaction, qui, chez Labeyrie comme ailleurs, porte toujours une part de mécontentement. « Avec l’engagement, on dépasse le stade de la satisfaction pour entrer dans le registre du collectif et de l’émotion : le collaborateur s’engage collectivement dans une dynamique de succès, et il s’agit, pour l’entreprise, de créer un climat favorable, de trouver les bons ressorts émotionnels. » Un exemple ? Un vendredi soir de juillet 2015, la direction a souhaité organiser une fête pour présenter son 2e projet d’entreprise, Créa 2020, à l’ensemble de ses 1 500 salariés ; 800 d’entre eux ont répondu présent. Un film réalisé par des vidéastes externes sur les hommes et les femmes de Labeyrie a été projeté à cette occasion : « Les gens se sont vus ou ont reconnu leurs collègues. Cela a suscité beaucoup de fierté et d’émotion, témoignant de l’attachement porté à l’entreprise », soutient Christophe de Lagoutine.

Le plan Créa 2020 (pour confiance, responsabilité ensemble et avenir) porte aussi en lui de nouveaux leviers d’engagement. Le nom du projet a d’ailleurs été choisi par un comité de pilotage mixant des salariés des usines et des bureaux, qui, avec une agence locale, ont conçu un logo, un slogan : « tous créacteurs d’envie », et des affiches pour promouvoir le tout. La fête de juillet, ce sont également eux qui l’ont organisée, avec un budget dédié. Une belle démonstration d’engagement, compte tenu de l’ampleur de la tâche, estime le DRH. « Nous avons voulu donner du pouvoir aux collaborateurs, et ce n’est pas si facile, reconnaît-il. Nous avons pourtant validé leurs propositions à 98 %. »

Six communautés d’intérêt

Le partage d’une vision collective est l’un des axes de travail de l’entreprise, dont le projet stratégique à l’horizon 2020 ne comporte aucun chiffre, insiste Christophe de Lagoutine. « Cela ne veut pas dire que nous ne savons pas calculer. Nous allons apporter de l’innovation dans nos processus et développer nos activités commerciales, mais je suis intimement persuadé qu’on ne fera pas rêver en projetant d’augmenter le chiffre d’affaires. Les résultats, nous les obtiendrons à travers l’engagement de nos équipes et, pour ce faire, nous misons sur des valeurs, avec l’ambition d’enchanter l’alimentaire. »

L’entreprise compte désormais sur la contribution de tous : en septembre dernier, elle a ainsi créé six communautés d’intérêt (produits de la mer, produits du canard, nouveaux business…). Désignés par la direction, leurs pilotes définissent des thèmes sur lesquels planchent des salariés volontaires, de l’ouvrier au cadre, dans le cadre de groupes de travail appelés “créa teams”. Labeyrie entend ainsi décloisonner les activités et permettre à chacun de s’investir dans un projet commun. Selon le DRH, les communautés, qui formalisent et partagent leurs travaux via des applications Google, disposent d’une vraie liberté de manœuvre, le cas échéant d’un budget pour mener leurs projets, étant entendu que l’équipe de direction demeure décisionnaire.

Les membres de Créa vie, l’une des communautés dédiée aux aspects humain de l’entreprise, ont par exemple souhaité faire une enquête interne plus ouverte, permettant aux salariés d’exprimer leur avis. En quelques mois, les intéressés ont conçu le questionnaire – approuvé récemment à quelques détails près par la direction – qui se substituera, pour 2016, à l’enquête Great Place to Work. La même équipe sera chargée d’en analyser les résultats. Un autre groupe travaille sur l’innovation participative, un autre encore sur la fête des 70 ans, cette année, de Labeyrie, etc.

Fonctionner autrement

« C’est une appropriation totale des sujets par des collectifs de salariés, partants et demandeurs d’autonomie et de responsabilisation, commente Christophe de Lagoutine. On ne tue pas la hiérarchie, mais on fonctionne autrement, de manière transversale. Il faut accepter un peu de flou et de redondance entre les groupes, et cela prend plus de temps, c’est vrai. Mais ces communautés s’autorégulent, sans aucun abus. Et, en termes d’engagement, le résultat est fabuleux ! »

Repères

Activités

Produits alimentaires festifs (marque du groupe agroalimentaire européen Labeyrie Fine Foods).

Effectif

1 500 collaborateurs.

Chiffre d’affaires 2015

260 millions d’euros.

Auteur

  • H. T.