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La semaine

Conditions de travail : deux expertises sévères sur la réforme du temps de travail à l’AP-HP

La semaine | publié le : 05.04.2016 | Caroline Coq-Chodorge

C’est l’épilogue du conflit sur le temps de travail à l’AP-HP : la mobilisation des agents est très faible, la réforme devrait être adoptée malgré deux expertises critiques sur ses conséquences sur les conditions de travail.

Quelques dizaines de manifestants seulement se sont réunis, mardi 29 mars, sous les fenêtres du directeur général de l’AP-HP Martin Hirsch. Tous les syndicats de l’institution francilienne, à l’exception de la CFDT, appelaient pourtant à la mobilisation contre le projet de réforme du temps de travail. Le CHSCT examinait le même jour le nouveau projet de la direction ainsi que deux expertises commandées par les syndicats, qui remettent en cause la pertinence du projet.

Balance déséquilibrée.

La première expertise, réalisée par le cabinet Secafi, interroge notamment son intérêt économique. Martin Hirsch espère en effet 20 à 25 millions d’euros d’économies réalisées par la perte pour les personnels non médicaux de 2 à 6 journées de RTT extraréglementaires, ainsi que par l’allongement de la durée de travail quotidienne, toujours pour réduire le nombre de RTT. Secafi rappelle que ces économies ne représentent que « 1 % des dépenses de personnel en 2014 ». Pour les experts, « la balance entre les gains nets qui devraient être réalisés et les coûts que cette réorganisation représente pour les agents, notamment au niveau de leurs conditions de travail, paraît très déséquilibrée ». Secafi souligne l’actuelle « surcharge de travail dans les services » et le niveau d’absentéisme, déjà très inquiétant, et qui pourrait s’accroître. Si le nombre d’heures supplémentaires s’envole un peu plus, les économies attendues seraient perdues.

Une seconde expertise, réalisée par le cabinet Émergences, s’intéresse spécifiquement aux cadres de santé, qui mettront en application la réforme dans les services. Là encore, le constat est sévère : les experts relèvent leur « faible adhésion » au projet de réforme, qui repose aux yeux des cadres « uniquement sur des motivations économiques au détriment de la qualité des soins et des conditions de travail ». Secafi estime pourtant que l’AP-HP est en capacité d’améliorer les conditions de travail de ces agents, puisque sa situation budgétaire s’améliore : elle sera bénéficiaire de 40 millions d’euros en 2015 et de 65 millions d’euros en 2016.

Auteur

  • Caroline Coq-Chodorge