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Philippe Détrie La maison du management

La chronique | publié le : 05.04.2016 |

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Philippe Détrie La maison du management

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L’associatif, le nouveau modèle économique ?Philippe Détrie a créé en 2014 La Maison du Management, dont la raison sociale est de développer un management responsable et entraînant pour l’ensemble des acteurs de la vie économique.

Ce thème avait été retenu par La Maison du Management pour sa 18e convention le 3 mars dernier. Les organisateurs s’appuyaient sur trois convictions.

1. La professionnalisation des associations

Leur but non lucratif et l’appel au bénévolat les assimilent parfois à des structures d’amateurs, gourmandes de convivialité plus que d’efficacité. Or, depuis quelques années, l’essor de l’économie sociale et solidaire remet sur le devant de la scène ces modèles d’utilité sociale, de partage et de collaboration. Leur professionnalisation (évaluation des programmes, impacts obtenus, benchmark de leur gestion…) les amène au même niveau d’exigence d’efficacité que bon nombre d’entreprises. Voire à un niveau supérieur, quand on sait que leurs frais de gestion sont contrôlés de près et publiquement.

2. La recherche de sens au travail

Les salariés aspirent à plus de sens, plus d’épanouissement. On travaille pour trois raisons : gagner des sous, exercer son art ou sa passion, aider le monde. Chacun décidera de la hiérarchie de ses motivations. Mais la troisième finalité, l’utilité sociétale, est très peu développée en entreprise, alors qu’elle est constitutive du milieu associatif : partager, progresser, promouvoir sont souvent leurs trois missions. L’enjeu est de passer de l’egosystème à l’écosystème. Les entreprises multiplient d’ailleurs les actions d’engagement associatif, comme pour s’acheter une bonne conscience.

3. L’importance du collaboratif

Les entreprises comprennent aujourd’hui que l’associatif devient le mode de management à la fois de leurs salariés et de leurs rapports avec leur environnement. Une décision verticale se frotte désormais à tous les réseaux horizontaux. Les associations l’ont bien compris, qui, plutôt que manager des bénévoles, les animent et les aident à trouver les situations où ils peuvent le mieux concrétiser leur engagement.

L’entreprise serait-elle à la traîne ?

Un nouveau modèle d’organisation se dessine-t-il ? Un très beau plateau d’intervenants* a confirmé que l’entreprise de demain empruntera à l’association quelques-uns de ses fondamentaux :

– Un projet pour donner du sens et piloter par le sens : l’utilité sociale finira bien un jour par l’emporter sur la recherche du gain, et la nécessité de coopération sera si évidente qu’elle deviendra naturelle.

– Donner envie de s’engager : la valeur ajoutée, c’est bien cela qui crée de la cohérence ; la chaleur ajoutée, c’est mieux, cela crée de la cohésion. Chaque manager devrait dans son apprentissage suivre une expérience d’animateur de bénévoles, c’est leur rôle : donner envie et donner confiance.

– Une “rotule souple”, selon l’expression d’Hervé Sérieyx : dehors les mous du genou, l’agilité requiert un jeu de jambes de gymnaste !

– Valoriser les émotions : on redécouvre l’affectio societatis (le faire société) et la mise en mouvement (du latin motio)

– Et sans besoin de gros budget : frugalité et sobriété de moyens peuvent créer de forts impacts (exemple des pétitions), l’efficience est moins prédatrice que l’efficacité.

Vive la nouvelle façon de travailler, ni monastique, ni militaire, mais tribale et tripale !

* Ayant tous dirigé de grandes associations comme l’Adie, le CNOSF, la Croix-Rouge, France Bénévolat, Médecins du Monde, les Restos du Cœur, Scouts et Guides de France, la Société Saint-Vincent-de-Paul.