Sortir les malades de la clandestinité au travail
La médecine prolongeant assez longtemps les possibilités d’activité des malades chroniques, et les contraintes qui pèsent sur le budget des retraites obligeant à travailler plus longtemps, de plus en plus de malades continuent d’assumer une activité professionnelle, salariée ou non. Mais il existe une contradiction entre les valeurs professionnelles de performance et les valeurs personnelles de sauvegarde de sa santé. Près du quart de la population en âge de travailler serait concernée par le handicap ou la maladie.
Outre la difficulté à mener une carrière quand la santé est fragilisée, les affections de longue durée entraînent une inégalité dans l’accès au marché du travail. Elles favorisent le sous-emploi et les départs prématurés à la retraite, constituant ainsi un véritable amplificateur des difficultés socio-économiques.
Pourtant, l’activité, facteur d’insertion sociale, est un puissant adjuvant dans le maintien de l’équilibre de vie des malades. Ceux-ci déploient parfois de véritables stratégies pour concilier les contraintes de l’emploi et les freins éventuels liés à leur maladie, tout en s’ingéniant à dissimuler leur handicap. Les auteures, l’une psychologue du travail et l’autre sociologue, expliquent quelles sont les stratégies des malades et de leur employeur. Elles se disent persuadées qu’il serait, au contraire, de l’intérêt de tous d’arrêter de se voiler la face et de ne considérer la maladie que sous l’angle du déficit, quand les malades font tant d’efforts pour rester actifs malgré tout (voir l’enquête p. 18).