L’approche de l’inaptitude par les seules altérations de l’état de santé du salarié à la suite d’une maladie ou d’un accident est biaisée, car à la fois partielle et partiale, puisqu’elle fait abstraction de l’investissement physique, psychologique et nerveux au travail. Au cœur de cette approche réglementaire se situent plusieurs notions médico-légales : l’inaptitude, l’invalidité, l’incapacité, dont l’application permet au salarié un retrait partiel ou total du travail avec reclassement et/ou revenu de remplacement, voire un aménagement de poste. Les auteurs, professeurs de droit à Rennes 1 et à Nantes, questionnent le rapport aptitude-inaptitude au travail dans ses principes déjà datés et ses modalités d’application concrètes. C’est l’ensemble du système santé-travail qu’ils placent sur la sellette en mettant en exergue l’urgence qu’il y a pour notre société à faire porter l’accent sur la prévention et pas seulement sur la réparation, la compensation ou l’aménagement.

Au-delà du droit existe un enjeu éthique et d’efficacité des questions de santé au travail. Notamment par l’introduction d’une réflexion sur la notion de pénibilité. La société tout entière, dans la mesure où elle est organisée autour du travail et de son utilité économique et sociale, à défaut de pouvoir résoudre toute situation pénible, a pour responsabilité d’en limiter les occurrences négatives, voire de les éviter.