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L’enquête

Le Compte épargne-temps orienté fin de carrière a peu de succès

L’enquête | publié le : 23.02.2016 | Stéphanie Maurice

Grâce à leur compte épargne-temps, les salariés peuvent partir plus tôt à la retraite ou bénéficier d’un temps partiel pour une fin de carrière aménagée… Mais ils préfèrent prendre leurs congés.

Au groupe Sia, un bailleur social du nord de la France, le compte épargne-temps (CET) sert entre autres aux fins de carrière. Les salariés préviennent l’entreprise de leur date prévue de départ à la retraite et, deux ans avant cette limite, ils peuvent utiliser leurs jours de repos non consommés – au maximum l’équivalent d’un an de salaire brut – pour partir plus tôt ou pour s’aménager un temps partiel durant les dernières années de travail. Ces dispositions ont été prises, en complément d’un plan seniors ambitieux, par un avenant à l’accord CET (datant de 2007), signé en 2010 par la CFDT, unique syndicat représenté à l’époque.

Elles sont particulièrement avantageuses dans une entreprise où les jours de congés sont nombreux : aux cinq semaines de congés payés s’ajoutent six jours de récupération de la 38e heure travaillée, 12 jours de RTT, et deux jours donnés par l’employeur pour les fêtes traditionnelles de Gayant (procession des géants à Douai) et de la Sainte-Barbe (patronne des mineurs et des sidérurgistes), détaille Capucine Naepels, la directrice des ressources humaines, arrivée en septembre dernier. S’y ajoutent, précise Michel Deregnaucourt, délégué syndical CFDT, les jours de congés accordés au titre de l’ancienneté (un jour en plus tous les cinq ans de présence).

De plus, le compte épargne-temps peut également être alimenté en numéraire, le salarié ayant la liberté d’y verser l’élément de salaire de son choix, 13e mois, prime de vacances, prime annuelle variable ou intéressement. À-côté non négligeable : quand le CET approche de son plafond, il est possible de réduire son volume en en transférant une partie sur le Perco (plan d’épargne pour la retraite collectif). « C’est le double avantage », reconnaît Michel Deregnaucourt : « Quand une tranche de dix jours est versée du CET dans le Perco, l’entreprise abonde de 20 %, soit deux jours en plus. »

Autre intérêt de ce compte pour les seniors : « Quand, à la fin de sa carrière, le salarié sort les jours épargnés de son CET, ils sont valorisés au niveau de son dernier salaire, et c’est souvent plus important qu’on l’imagine. C’est d’ailleurs un point sur lequel les entreprises ne sont pas toujours assez vigilantes », considère Capucine Naepels.

Rajeunir l’entreprise

Ce pourrait donc être une aubaine pour les collaborateurs du groupe Sia. Mais le dispositif reste peu utilisé : « Il y a des anciens, une trentaine, qui ont mis des jours sur le CET, mais généralement, les gens préfèrent prendre leurs congés », remarque Michel Deregnaucourt. Ce n’est pourtant pas faute d’information : des notes de service ont expliqué les règles du jeu, et le groupe Sia a mis en place deux entretiens de deuxième partie de carrière, à 45 et 55 ans. « C’est un bon accord, dont tout le monde ne profite pas », regrette le syndicaliste.

À l’origine, l’ambition de la DRH était, dans un groupe vieillissant qui a besoin de se rajeunir, de « préparer les fins de carrière et le passage de relai, avec des temps partiels mis à profit pour du tutorat », se souvient-il. Mais les deux à trois seniors, aussi bien chez les employés que chez les cadres, qui ont profité de leur CET l’ont fait pour partir plus tôt de l’entreprise. Cependant, le bilan fin de carrière du CET ne se mesurera vraiment que dans deux à trois ans, après la plus grosse vague de départs à la retraite.

Repères

Activité

Bailleur social.

Effectif

603 collaborateurs.

Chiffre d’affaires 2014

234,4 millions d’euros.

Auteur

  • Stéphanie Maurice