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L’enquête

L’accord GPEC aménage aussi les fins de carrière

L’enquête | publié le : 23.02.2016 | Séverine Charon

Dans un contexte difficile, le groupe alimentaire a décidé de proposer à certains de ses futurs retraités une palette de mesures pour “devancer l’appel”, assortie d’un solide dispositif d’accompagnement.

En avril 2015, un nouvel accord de GPEC a été signé à Nestlé France SAS (entité juridique qui porte l’activité d’épicerie et les fonctions transverses). Au-delà des chapitres consacrés aux évolutions internes et externes, le texte comporte un volet sur l’aménagement des fins de carrière et la transition entre emploi et retraite, qui permet aux salariés qui le souhaitent de partir jusqu’à dix-huit mois plus tôt que prévu. Car, dans le cadre de son plan stratégique “Nouvelle frontière 2017”, pour faire face à la pression croissante sur les prix, l’entreprise veut faire des économies et cherche notamment à réduire ses effectifs et à rajeunir sa pyramide des âges à un horizon de trois ans.

Ce dispositif d’aménagement des fins de carrière s’ajoute à celui qui existait dans l’accord pénibilité, concernant essentiellement les sites industriels. « Les mesures phares de cet accord ont été reconduites et intégrées dans le texte, permettant ainsi aux salariés concernés de cesser leur activité jusqu’à 7,2 mois avant la date de leur départ en retraite », explique Alain Châtaignier, DRH de Nestlé France.

Au-delà de la population industrielle, environ 230 personnes auront au moins 60 ans en 2018. C’est donc pour eux que la DRH a mis en place un dispositif qui vise à les aider dans leur réflexion et leurs démarches : réunion collective d’information, aide à l’examen des relevés de situation individuelle par un organisme spécialisé extérieur, et, pour ceux qui souhaitent poursuivre, un entretien personnalisé sur les modalités propres d’aménagement de fin de carrière.

Favoriser le départ

« Ce n’est pas un dispositif de préretraite, mais un ensemble de mesures, voire d’aides financières, qui peuvent favoriser un départ à la retraite, souligne Alain Châtaignier. Et dans le cadre de l’accord de GPEC, nous nous engageons à faire un point annuel sur les départs et l’évolution des effectifs. » Le dispositif, négocié avant l’accord relatif aux retraites complémentaires, prend fin en 2018, avant la mise en œuvre du coefficient de solidarité (lire p. 20) et n’est donc pas modifié.

Les différentes dispositions qu’il comprend peuvent se cumuler. La première porte sur un aménagement horaire, qui s’étale sur six à douze mois. Le salarié, rémunéré à hauteur de 85 % de son salaire brut, voit son temps de travail réduit de 50 %, avec une première période à temps plein de trois à six mois, suivie d’une dispense totale d’activité de même durée.

En parallèle, le compte épargne-temps (CET) peut être abondé jusqu’à 20 % par l’employeur dans le cadre d’un congé de fin de carrière. À Nestlé France SAS, il n’est pas rare de voir quelque quatre mois de congés accumulés par un salarié en fin de carrière : la fin d’activité peut donc être avancée de cinq mois. Enfin, pour ceux qui auraient l’âge minimum légal de départ à la retraite mais pas le compte de trimestres, l’employeur peut verser une prime pour en racheter jusqu’à quatre, et éviter une décote au salarié.

« La DRH n’a pas tous les éléments pour déterminer quels salariés peuvent bénéficier de ces mesures. Un courrier a donc été adressé à toutes les personnes de Nestlé France SAS qui auront 60 ans avant le 1er juillet 2018 », explique Philippe Châtaignier. Une fois informés de l’existence du dispositif, les salariés s’adressent à leur caisse de retraite pour obtenir leur relevé de situation individuelle, et vérifier qu’ils entrent effectivement dans le cadre prévu. À l’issue de cet entretien, mené par Humanis, le salarié peut ensuite se manifester auprès de la DRH pour participer à une réunion d’information collective de présentation des différentes mesures. S’il confirme son intérêt, il bénéficie d’un entretien individuel avec un expert retraite externe : la date de départ pourra être affinée, et les éventuels besoins, comme le rachat de trimestres, identifiés. Alors seulement l’intéressé ira voir son responsable ressources humaines pour lui faire part formellement de ses intentions d’entrer dans le dispositif et lui confirmer sa date de départ à la retraite.

La décision n’est entérinée qu’une fois toutes ces étapes franchies. Sur les 230 personnes éligibles, environ 130 avaient engagé la démarche en début d’année, et les premiers salariés concernés devraient cesser leur activité au printemps. Avec les accords de mobilité interne et externe, l’objectif de 500 sorties (dont 350 à 400 départs à la retraite) devrait donc être atteint.

Repères

Activité

Épicerie et fonctions transverses du groupe alimentaire Nestlé.

Effectif

3 050 salariés.

Chiffre d’affaires 2014

1,3 milliard d’euros.

Auteur

  • Séverine Charon