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États-Unis : L’évaluation de performance de yahoo ! devant les juges

Sur le terrain | International | publié le : 16.02.2016 | Caroline Talbot

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États-Unis : L’évaluation de performance de yahoo ! devant les juges

Crédit photo Caroline Talbot

Yahoo ! est poursuivi pour l’usage qu’il aurait fait de son système d’évaluation individuel. Un ancien salarié affirme que les notations ont permis de le licencier à moindre coût pour insuffisance. Il n’est pas seul dans ce cas : la société de Sunnyvale aurait ainsi évité les contraintes liées aux procédures collectives.

Marissa Mayer, la patronne de Yahoo !, aurait sans doute préféré que le fameux moteur de recherche n’occupe pas les pages des journaux à la rubrique judiciaire au début de ce mois : elle vient déjà d’annoncer une nouvelle série de licenciements, à hauteur de 15 % des effectifs. Yahoo ! est poursuivi en justice à cause de son système QPR (Quarterly Performance Review) de notation des collaborateurs. Gregory Anderson, ancien salarié licencié en novembre 2014, dit être victime d’un mode d’évaluation et de classement injuste, biaisé et opaque. La plainte déposée par son avocat Jon Parsons devant la cour de San José (Californie) vise l’encadrement de la société. Il l’accuse d’avoir violé la législation californienne – et la loi fédérale – en camouflant un plan de plusieurs centaines de licenciements derrière des suppressions d’emploi individuelles pour performances médiocres. En Californie, 50 licenciements et plus dans une même entreprise s’accompagnent d’un préavis de 60 jours. Et la loi fédérale Worker Adjustment and Retraining Notification (Warn) s’applique dans tout le pays à partir de 500 départs sur trois mois. Préavis non appliqués par Yahoo ! : ce sont 1 100 salariés qui ont quitté leur job en quelques mois entre 2014 et 2015, notamment pour des raisons de performances, selon le New York Times, premier média à rapporter l’affaire.

Gregory Anderson détaille son histoire dans sa plainte. Éditeur de plusieurs sites de commerce, il était apprécié de sa hiérarchie. En 2014, il a même eu droit à une formation d’un an à l’université du Michigan. D’où sa surprise quand sa direction l’informe que sa dernière évaluation trimestrielle QPR le place parmi les moins bons, ceux qui doivent quitter l’entreprise. Il est encore dans le Michigan, au milieu de son cursus.

Manipulation ?

Pour Gregory Anderson, le système QPR est « manipulé ». Afin d’éviter de payer les indemnités de départs dues dans le cadre d’un licenciement collectif, les managers auraient changé leurs appréciations pour créer de multiples licenciements individuels… La méthode, mise en place en 2012 avec l’aide de la société de conseil McKinsey, attribue trimestriellement à chacun une note de 1 à 5, puis les salariés sont placés en catégories, des 5 % les moins bons jusqu’aux 10 % les meilleurs. C’est ainsi, affirme Gregory Anderson, qu’il a glissé vers les 5 % de faibles contributeurs, promis au départ. Il n’a jamais vu ce qui avait été dit sur lui et n’a pas pu se défendre.

Yahoo !, bien sûr, récuse cette interprétation. « La justice est le principe qui guide nos évaluations, dit-on au service de presse, afin de donner aux meilleurs de plus grandes opportunités et de faire partir les moins performants. »

L’avocat Jon Parsons attaque sur deux terrains. Il parle d’abord de discrimination sexuelle. Les chefs femmes de Gregory Anderson l’auraient sacrifié parce qu’il est un homme. L’argument ne convainc guère Ed Lawler, professeur de management à la Marshall School of Business de la University of Southern California. « Chaque fois que j’ai été expert dans un procès, se souvient-il, nous avons parlé de discrimination raciale, de mauvais traitement de femmes ou de personnes âgées, mais les hommes blancs ne font pas partie des minorités protégées. » L’autre argument de Jon Parsons aura peut-être plus de poids. Si l’avocat arrive à démontrer que 500 salariés ont été renvoyés sur une période de 90 jours, la loi Warn devrait s’appliquer. Le juriste réclame une amende de 500 dollars par jour et par salarié, et le versement du salaire et des avantages sociaux pour les 60 jours de préavis oubliés.

Le bruit autour de cette affaire pourrait alerter d’autres licenciés, espère Gregory Anderson. Peut-être en nombre suffisant pour entamer une class action, plainte collective potentiellement très coûteuse pour l’entreprise.

Dans les médias

NEW YORK TIMES Profits au féminin

Les entreprises devraient regarder leur bilan pour se convaincre de faire entrer des femmes parmi leurs dirigeants. Une étude auprès de 22 000 entreprises dans 91 pays, menée par le Peterson Institute for International Economics et la société d’audit EY, l’atteste : un lien est avéré entre la présence de femmes dans les organes de direction et des profits plus élevés. Passer de 0 % à 30 % de femmes parmi les dirigeants augmente le profit de 15 %, selon cette étude. En revanche, elle n’établit pas ce lien dans le cas de politiques de quotas telles que celles pratiquées en Norvège, en Suède ou au Danemark. 9 février. New York Times, quotidien généraliste.

Auteur

  • Caroline Talbot