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L’enquête

Une démarche en plusieurs temps

L’enquête | publié le : 09.02.2016 | É. S.

En contrepartie d’une diminution des jours de RTT, l’hôpital a créé une équipe de remplacement et engagé des démarches d’amélioration des conditions de travail. Mais, avec des journées de travail plus intenses, la fatigue se fait sentir.

C’est en 2012 que le directeur du centre hospitalier de Dieppe, Philippe Couturier, ouvre le chantier explosif du temps de travail. Après des mois de mobilisation des agents, et une phase d’expérimentation des nouveaux rythmes de travail au service chirurgie, un avenant au protocole 35 heures finit par être signé en mai 2014, avec FO. « À contrecœur, selon Patrick Méry, le secrétaire général du syndicat au CH, mais on voyait bien que la direction passerait outre l’avis du comité technique d’établissement (CTE). Nous avons préféré négocier pour obtenir des compensations, comme la possibilité pour les équipes de nuit de choisir entre un roulement en 3-3 ou en 3-2-2-3 ».

7 h 30 de travail quotidien

Le point central de l’accord, c’est la mise en place d’un rythme en 7 h 30 de travail quotidien pour le personnel non médical de jour, avec 15 RTT par an, en remplacement d’un rythme en 8 heures par jour générant 27 RTT. « Sachant que nous avons un établissement pour personnes âgées qui fonctionnait sur la base de 14 JRTT », précise Philippe Couturier.

Toutefois, pour la majorité du personnel, c’est bien la suppression de 12 jours de repos qui a été actée. Ils sont réinjectés dans la création d’un “pool de suppléance” – de 18 ETP pour le jour, et de 4 ETP pour la nuit. « Nous avons redonné au collectif ce qui a été pris individuellement », résume le directeur. Selon lui, les équipes de remplacement ont permis de mettre fin, ou presque, à un certain nombre de dysfonctionnements : rappel des agents en repos et alternance jour/nuit pour compenser les absences, changements de plannings… « Nous avons autonomisé les équipes de nuit et les équipes de jour, et introduit une organisation par cycles de travail permettant une visibilité sur l’année, et non plus d’un mois à l’autre », ajoute la DRH Christelle Oudin.

Autres nouveautés : l’instauration de la journée en 12 heures en réanimation et la modification des temps de transmission. Ainsi, le temps de chevauchement des deux équipes de jour a été ramené d’une heure à une demi-heure, et le temps de transmission du soir, de 20 à 15 minutes. « Sur les transmissions, nous sommes encore fragiles, reconnaît néanmoins Philippe Couturier. Pour mieux les professionnaliser, nous travaillons sur un système d’information qui permettra d’améliorer la traçabilité des informations, et sur des formations aux transmissions ciblées pour les soignants. »

Hausse de l’activité

Néanmoins, après dix-huit mois d’application, les agents ressentent surtout une fatigue supplémentaire, soulignée aussi par un rapport d’évaluation de la nouvelle organisation, élaboré par un cabinet extérieur et présenté au CTE en juin 2015. « Nous faisons la même chose dans des journées plus courtes, souligne Bruno Ricque, secrétaire de la CGT au CH. La diminution du nombre de RTT peut désormais entraîner, sur certaines semaines, 6 jours de travail sur 7. Les recrutements ne sont pas à la hauteur, car ils ont surtout compensé une hausse de l’activité. Résultat, les agents dépassent leurs horaires, sans que ces débordements soient comptabilisés. Et les accidents et arrêts de travail ont explosé, en particulier pour les infirmières et les aides-soignantes, les deux catégories visées par la suppression des RTT. »

Philippe Couturier en convient : l’absentéisme a connu un pic après la mise en œuvre des nouveaux horaires, ce qui n’a pas permis d’atteindre les objectifs économiques de la réforme. Pour y remédier, il entame un nouveau chantier, consistant à auditer les différentes tâches pour trouver des marges de manœuvre : réapprovisionnement des armoires à pharmacie, distribution des repas, organisation du brancardage, articulation des temps médicaux et paramédicaux… Objectif, annonce-t-il : « Redonner du temps aux soignants. » Du temps, mais pas des RTT.

Repères

Activité

761 lits en médecine, chirurgie, obstétrique, psychiatrie, urgences ; 236 lits en Ehpad.

Effectif

1 547 ETP (personnel non médical) et 181 ETP (personnel médical).

Budget 2014

114 millions d’euros.

Auteur

  • É. S.