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Sur le terrain

Déménagement : À la SNCF, un Paris-Lyon qui a duré trois ans

Sur le terrain | Pratiques | publié le : 02.02.2016 | Laurent Poillot

Une centaine d’agents franciliens, sur 400, ont accepté de déménager à Lyon pour suivre leur service, au terme d’un processus d’accompagnement patient et soigné, initié en 2013.

Dans quelques semaines, 1 400 salariés de la SNCF poseront leurs cartons dans la tour Incity flambant neuve, la plus haute de Lyon (202 m), à la Part-Dieu. La direction de l’entreprise a voulu y installer la vitrine régionale de ses activités, dans un quartier d’affaires destiné à être le deuxième plus important en France après celui de la Défense. « On trouve dans le bassin lyonnais tout le panel de nos savoir-faire : TGV, bus, TER. Il représente près de 10 000 emplois », explique Agnès de Rauglaudre, la directrice du projet de déménagement intitulé Campus Incity.

Beaucoup de directions ont donc été priées de se regrouper dans un “campus” où il n’est pas question d’apprendre, mais de rapprocher différentes entités. Parmi elles, la direction générale régions et intercités vient de plus loin que les autres. À Paris, elle était chargée de consolider, depuis 2013, les 20 activités TER prises en charge par les conseils régionaux, confiées aux responsables régionaux SNCF, et les trains Intercités dont l’État est l’autorité organisatrice. Elle quittera finalement le quartier de la gare de Lyon… pour la capitale rhodanienne. « On avait le projet de rapprocher cette direction d’une région », précise Agnès de Rauglaudre.

De nouvelles missions

Près de 400 Franciliens devaient être concernés par cette délocalisation. Selon la CFE-CGC, une centaine de personnes ont accepté de déménager. Certains de ces volontaires sont à Lyon depuis près de six mois : ils ont pu ainsi scolariser leurs enfants à la rentrée de septembre 2015. En attendant d’intégrer la tour Incity, ils occupent un bâtiment temporaire à la Part-Dieu. Ils ont gardé le contact avec leurs collègues restés à Paris… qui devront se voir, eux-mêmes, proposer d’autres missions après être passés par les espaces intermobilité EIM et EIM Cadres. « Pour beaucoup, c’était un déracinement avec le risque, en plus, de la perte d’emploi du conjoint », commente Robert Saez, le délégué central syndical CFE-CGC.

La direction générale a cependant voulu donner le temps aux intéressés de mûrir leur choix, en annonçant le projet dès 2013. « L’anticipation a été un facteur clé de succès, soutient la directrice de Campus Incity. Elle nous a permis de donner le temps aux collaborateurs de vérifier qu’une telle mobilité coïnciderait avec leur projet de vie. » Pour les aider à prendre leur décision, l’entreprise a fait “monter” des intervenants de l’Aderly, l’agence de développement économique de la région lyonnaise, pour des opérations de présentation et un forum “Vivre et travailler à Lyon”, avec des mini-conférences sur la ville et ses quartiers. ICF Habitat, la filiale de la SNCF, a proposé des solutions de logement. Un week-end de découverte à Lyon a aussi été organisé.

De leur côté, les managers de la SNCF ont été mis à contribution pour parler des changements auxquels s’attendre. Eux-mêmes ont été appuyés par le service RH. Qui a organisé les entretiens individuels, sur l’accompagnement logistique et financier proposé, comme cette allocation de 6 000 euros pour couvrir les frais de déménagement, prévue par les usages de l’entreprise. Plus 6 000 euros, après avoir emménagé.

Pour compléter les effectifs manquants à Lyon, la SNCF a ouvert les postes vacants à des salariés lyonnais ou venant d’autres régions. Beaucoup de Bretons se seraient positionnés, selon Robert Saez. Il considère que le dispositif mis en place a été soigné. « C’est même le contre-exemple de ce que les collègues vivent depuis la réforme ferroviaire de 2014, dit-il. Depuis un an, nous avons des réorganisations et des mobilités en cascade, précipitées, donc très perturbantes pour l’encadrement. » Il a demandé la création d’une cellule nationale, dont le rôle serait de soutenir les agents amenés à prendre de nouveaux postes dans tous les projets de réorganisation.

Auteur

  • Laurent Poillot