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Sur le terrain

RSE : carrefour conforte son dialogue social à l’international

Sur le terrain | Pratiques | publié le : 26.01.2016 | Hubert Heulot

Le groupe français de distribution alimentaire souscrit à davantage de règles internationales et multiplie les rendez-vous de vérification avec les syndicats.

Directives européennes obligent, les premiers accords sociaux du groupe Carrefour à l’échelle européenne ont été signés à la fin des années 1990. Daniel Bernard, le président d’alors, n’y voyait guère d’intérêt, parce qu’on y parlerait peu de salaires ou d’organisation du travail. Vingt ans plus tard, c’est le contraire. Son successeur Georges Plassat vient de donner une nouvelle impulsion au dialogue social en signant, en octobre dernier, avec la fédération syndicale internationale UNI Global Union, un « accord international pour la promotion du dialogue social et de la diversité et pour le respect des droits fondamentaux au travail ». C’est le renouvellement d’un premier accord signé en 2001.

Le précédent texte tenait sur quatre pages, reprenant les principes des Nations Unies, de l’OIT et de l’OCDE sur le droit syndical, sur la négociation collective, l’interdiction du travail forcé et de celui des enfants.

Les sous-traitants aussi

Quinze ans plus tard, l’accord fait vingt pages. Les références y sont plus explicites sur la santé et la sécurité des employés. Promotion est faite de la diversité, de la non-discrimination des personnes handicapées, de l’égalité entre hommes et femmes, y compris – c’est nouveau – chez les fournisseurs, les sous-traitants, dans toute la chaîne d’approvisionnement des magasins au niveau mondial, notamment chez les nouveaux franchisés internationaux hors de l’Union européenne. « Nous entrons dans une nouvelle ère », clame le communiqué du groupe Carrefour. Pour Michel Engels, secrétaire (FO) du comité d’entreprise européen, intitulé, chez Carrefour, comité d’information et de concertation européen (CICE), le nouveau texte présente surtout l’avantage de créer deux rendez-vous de travail par an au niveau mondial entre la direction et les syndicats afin de vérifier le suivi de l’accord.

Il inscrit aussi dans le marbre qu’un représentant de la direction du groupe assiste à la réunion annuelle de l’Alliance syndicale mondiale, le regroupement de tous les syndicats de Carrefour affiliés à l’UNI à travers le monde. « Il s’agit moins d’instituer de nouvelles règles que de réaffirmer un état d’esprit et une démarche. Au-delà de l’observance des conventions internationales, nous voulons développer des actions avec notre partenaire, l’UNI », confirme le groupe Carrefour.

Droit syndical

C’est qu’à la suite du premier accord de 2001, le travail en commun entre la direction et l’UNI, effectué sur le modèle social existant en France, a prouvé son efficacité. En Colombie, par exemple, c’est à l’UNI qu’est revenue la décision du bon moment pour réclamer localement au groupe Carrefour d’appliquer les textes du premier accord sur le droit syndical. Ce n’est pas une mince responsabilité dans ce pays, où des syndicalistes se sont longtemps fait assassiner en raison de leurs activités ! À partir du moment où l’UNI a été reconnue chez Carrefour, en 2001, elle s’est impliquée dans son dialogue européen. Celui-ci est structuré autour de deux réunions du CICE par an, l’une au printemps sur les thèmes d’avenir du groupe – comme la révolution digitale, en mai dernier –, l’autre à l’automne sur les résultats et la stratégie. Chacune dure deux jours et inclut la venue d’experts au titre de la formation des élus. « L’UNI joue un rôle de pont entre l’Europe et les autres pays, explique Michel Engels. Elle fait le tri dans les thèmes que nous avançons lors des CICE pour éventuellement les exporter. » C’est ainsi qu’elle a négocié, dans le nouvel accord mondial, que Carrefour soutienne les principes et les propositions d’action de la déclaration du CICE de 2012 pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Chaque année, partout dans le monde, la place des femmes dans les structures du groupe sera désormais analysée.

Auteur

  • Hubert Heulot